La police est de son côté restée sur le bilan, donné la semaine dernière, de 87 personnes tuées dans ces affrontements et attaques dans plusieurs villages du district de Mangu (Etat de Plateau) qui ont démarré le 15 mai. Contactée par l'AFP, elle a assuré vendredi que le calme était revenu. La police n'a pas souhaité confirmer un nouveau bilan de plus de 170 morts donné à l'AFP par le représentant du district, Daput Minister Daniel. "Je ne peux pas vous donner un nombre spécifique car nous retrouvons des corps chaque jour", a-t-il déclaré, confirmant qu'aucune attaque n'avait été répertoriée depuis mercredi. "Les personnes touchées, en particulier les femmes et les enfants, sont traumatisées et ont des besoins humanitaires immédiats tels que de la nourriture, de l'eau et des kits d'hygiène", a déclaré à l'AFP le chef des Nations unies au Nigeria, Matthias Schmale, qui s'est rendu dans la région pour rencontrer les autorités locales et les personnes déplacées. Espérant la fin rapide des violences, il a exhorté les autorités concernées "à agir rapidement pour répondre aux besoins immédiats". Selon l'Agence nationale de gestion des urgences, plus de 3.500 personnes ont été déplacées, et au moins 720 maisons ont été partiellement ou complètement détruites. Les villages sont désertés, et les milliers de déplacés s'entassent dans les écoles et bâtiments de la ville de Mangu, où "l'aide du gouvernement n'était toujours pas parvenue aux déplacés, qui sont juste aidés par leurs proches", selon le responsable de la Croix-rouge locale, Yohanna Danladi. Parmi les survivants hébergés dans une école, Peter Lagai a raconté s'être caché à l'arrivée des assaillants dans son village de Kubat. Son frère Matthew a été tué dans l'attaque, a-t-il dit à l'AFP. "On a soudain entendu des tirs (...) Il est mort sur le coup. Certains d'entre nous sont blessés, et notre maison a été brûlée". Lydia John Hirse, qui a elle fui un autre village attaqué, Dumnang, a indiqué que deux de ses soeurs avaient été tuées. "On a peur de revenir au village", a-t-elle expliqué à l'AFP, ajoutant qu'elle avait reçu de la nourriture de l'administration locale. Mais certains demandent que le gouvernement en fasse plus. Jeudi, près de 250 personnes avaient manifesté à Jos, la capitale de l'Etat, pour dénoncer les meurtres et réclamer aux autorité l'arrestation des assaillants. "Le gouvernement n'est pas sérieux, ils n'ont envoyé aucun argent ou protection pour nous permettre d'aller au travail", a regretté auprès de l'AFP un fonctionnaire local sous couvert de l'anonymat. "Ils ne portent aucune attention (à la région), je ne sais pas si c'est à cause du changement de gouvernement", a-t-il ajouté, alors que le nouveau président du Nigeria, Bola Tinubu, doit prendre officiellement lundi la tête du pays. Le nord-ouest et le centre du Nigeria sont régulièrement le théâtre de tensions et conflits meurtriers autour de l'exploitation de la terre et des ressources en eau entre communautés d'agriculteurs et d'éleveurs. L'enchaînement de meurtres suivis de représailles et l'absence de justice efficace ont favorisé l'émergence dans la région d'une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions dans des villages, où ils tuent des habitants par dizaines et procèdent à des enlèvements contre rançon. Ces exactions sont un des multiples défis sécuritaires auxquels sera confronté M. Tinubu à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique, et première économie du continent.
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