Peine de 20 ans de prison confirmée en Suisse pour un ancien chef de guerre libérien

Infos. Une cour d'appel suisse a confirmé jeudi la condamnation à 20 ans de prison d'Alieu Kosiah, un ancien chef de guerre libérien, et retenu pour la première fois l'accusation de crimes contre l'humanité.

Peine de 20 ans de prison confirmée en Suisse pour un ancien chef de guerre libérien
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Genève (AFP)

La Cour d'appel du Tribunal pénal fédéral a décidé de retenir l'accusation de crimes contre l'humanité, qui avait été ajoutée par le ministère public et les parties plaignantes pour le proc��s en appel en début d'année.La défense, qui conteste tous les griefs, demandait l'acquittement.

Alieu Kosiah avait été jugé coupable en juin 2021, par le Tribunal pénal fédéral, de multiples atrocités commises durant la première des deux guerres civiles successives du Liberia qui ont fait 250.000 morts entre 1989 et 2003.

La décision est "historique", a déclaré à l'AFP l'avocat Alain Werner, spécialiste des droits humains, qui dirige l'ONG Civitas Maxima et qui représente quatre des sept plaignants.

"C'est un grand jour pour ces victimes libériennes incroyablement courageuses qui ont traversé les mers pour trouver justice, et l'obtenir malgré Ebola au début de l'affaire, et Covid-19 à la fin", a-t-il souligné. 

"C'est aussi un grand jour pour la justice et pour le Libéria."

Il s'agissait aussi de la première condamnation d'un Libérien, que ce soit dans ce pays d'Afrique de l'Ouest ou ailleurs, pour des crimes de guerre commis pendant le conflit.

Alieu Kosiah, 48 ans, s'était installé en Suisse en 1998 et y avait été arrêté en 2014. 

C'est la première fois que des crimes contre l'humanité sont jugés en Suisse, où l'inculpation de ce chef d'accusation n'a été rendue possible que par un changement de loi en 2011.

- Meurtres, viol -

Comme les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité désignent des atrocités (meurtre, torture, viol) commises de façon systématique ou à grande échelle, et non des événements isolés ou sporadiques.

En 2021, Alieu Kosiah avait été jugé coupable d'une série de crimes de guerre alors qu'il était commandant du groupe armé ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy), faction de groupes armés hostiles au mouvement de Charles Taylor, le Front national patriotique du Liberia (NPFL).

Selon le jugement, il a ordonné ou participé aux meurtres de 17 civils et de deux soldats capturés et a été reconnu coupable de viol sur une civile, d'"exploitation d'un enfant soldat", d'avoir ordonné des pillages et infligé des "traitements cruels" à des civils et porté "atteinte à la dignité de la dépouille d'un civil".

Outre les 20 ans de prison, le tribunal avait ordonné son expulsion du territoire suisse.

-  Peu de condamnations  -

Au Libéria, seule une poignée de personnes ont été condamnées jusqu'à présent pour leur participation à la guerre civile et les efforts visant à créer dans le pays un tribunal chargé de juger les crimes de guerre sont au point mort.

En France, la cour d'assises de Paris a condamné en novembre l'ex-commandant rebelle libérien Kunti Kamara à la prison à vie pour actes de barbarie et complicité de crimes contre l'humanité pendant la première guerre civile libérienne.

En janvier, un autre ex-chef de guerre libérien présumé, Gibril Massaquoi, acquitté l'an dernier, a comparu devant une cour d'appel en Finlande, lui aussi accusé d'atrocités durant le conflit.

Parmi les principaux acteurs du conflit, l'ex-chef de guerre devenu président (1997-2003) Charles Taylor avait été condamné en 2012 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, basé à La Haye, pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis dans ce pays voisin du Liberia, mais n'a pas été inquiété pour les atrocités dans son pays.

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