Après la prière la semaine passée, des affrontements similaires, à la sortie de la même mosquée al-Anouar, située près de l'immense marché de Merkato, proche du centre historique d'Addis Abeba, avaient fait deux morts, selon la police qui avait aussi fait état de 56 blessés dont 52 policiers et de 114 arrestations. "Des groupes conspirateurs voulant détruire le régime en brandissant un étendard religieux (...) ont provoqué une émeute en attaquant les forces de sécurité déployées" près de la mosquée al-Anouar, explique dans un communiqué un organisme réunissant les principales institutions sécuritaires d'Ethiopie. Les violences "ont fait trois morts et plusieurs blessés" dont 65 policiers, ainsi que de nombreux dégâts, selon le texte publié vendredi soir par le média FanaBC, proche du Parti de la Prospérité du Premier ministre Abiy Ahmed. Le Haut conseil islamique d'Addis Abeba avait peu avant fait état d'un mort et de plusieurs blessés. Vendredi, les forces de l'ordre en tenue anti-émeute avaient été massivement déployées près d'al-Anouar dès avant la prière, selon des journalistes de l'AFP. Des membres de la Garde républicaine, une unité d'élite chargée de la protection des institutions et des personnalités du gouvernement, étaient notamment présents. Après la prière, les fidèles quittaient la mosquée dans le calme, quand des jeunes ont commencé à scander "Allahou Akbar" (Dieu est le plus grand), a constaté un journaliste de l'AFP. Immédiatement, des détonations ont retenti, semant la panique. Des jeunes fidèles ont alors jeté des pierres sur la police qui a répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes, selon lui. Un autre journaliste de l'AFP a vu des policiers tirer des gaz lacrymogènes et des coups de feu en direction de jeunes lançant des pierres. Il n'était pas possible de savoir s'il s'agissait de balles réelles, de projectiles en plastique ou de tirs à blanc. - Projet de nouvelle mégapole - Des détonations ont été entendues dans les environs durant deux heures. En milieu d'après-midi, le calme est revenu près du lieu de culte, quadrillé par la police qui avait bloqué les routes y accédant, selon un journaliste de l'AFP. "Nous savions plus ou moins ce qui allait se passer après la prière. Des centaines de nos frères et soeurs ont été arrêtés la semaine dernière (...) et les gens sont furieux que nos mosquées soient détruites", a expliqué à l'AFP, Amir, un fidèle qui participait à la prière à al-Anouar vendredi. Plusieurs mosquées ont été détruites ces derniers mois aux lisières d'Addis Abeba, dans le cadre d'un vaste projet urbain controversé, nommé Sheger City. Ce projet axé autour de la fusion de plusieurs municipalités de la région Oromia au sein d'une nouvelle mégapole en lisière de la capitale, a entraîné la destruction de nombreuses habitations et bâtiments. Les critiques du projet qualifient d'illégales les expulsions, parfois sans préavis, et destructions d'édifices, parfois en l'absence de leurs occupants. Près d'un tiers des 120 millions d'Ethiopiens sont musulmans, le reste étant essentiellement orthodoxes et protestants.
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