Des heurts ont été signalés samedi dans la banlieue de Dakar.Mais plusieurs quartiers qui avaient connus des accès de violence jeudi et vendredi dans la capitale sont restés calmes, le ministre de l'Intérieur soulignant "une baisse d'intensité" des manifestations.
Antoine Diome a indiqué qu'"environ 500 arrestations" ont été menées depuis le début du mouvement contestataire.Certains parmi eux appartiennent à des formations politiques mais la majorité n'ont pas d'appartenance partisane, a-t-il précisé.
Il a aussi affirmé que le Sénégal avait fait l'objet d'attaques "de forces occultes"."Il y a de l'influence étrangère et c'est le pays qui est attaqué", a-t-il dit."Des installations vitales pour le fonctionnement du pays" ont été prises pour cible pour provoquer "un chaos", a-t-il poursuivi, citant notamment une usine de production d'eau.
"Nous ne céderons pas à ces groupes ni à ces étrangers venus piller notre pays", a déclaré plus tôt dans la journée le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang.
Les forces de sécurité restent omniprésentes dans la capitale.L'armée s'est déployée, comme la veille, autour de points stratégiques.
Depuis jeudi, de nombreux biens publics et privés ont été saccagés et pillés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar.Certaines rues portent les stigmates des violents affrontements qui se sont déroulés depuis deux jours, avec des voitures calcinées, des pneus brulés et de gros cailloux qui jonchent les routes.
Les Etats-Unis se sont dits samedi "préoccupés et attristés" par ces violences et ont appelé à un retour au calme.
Vendredi, la communauté internationale, des représentants d'associations et des stars de football comme l'attaquant vedette Sadio Mané ont appelé à la retenue et à cesser les violences dans ce pays, réputé être un rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest.
Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, étaient encore coupés samedi soir, une mesure du gouvernement pour faire cesser selon lui "la diffusion de messages haineux et subversifs".
- "Résistance" -
Les Sénégalais retiennent leur souffle dans la crainte d'une arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la "débauche" une jeune femme de moins de 21 ans.
Cette décision le rend pour l'heure inéligible.M. Sonko crie depuis le début de l'affaire à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement.
Il se dit "séquestré" dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d'approcher.
M. Sonko peut désormais être arrêté "à tout moment", a dit le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.
Son parti, le Pastef, a appelé "à amplifier et intensifier la résistance (...) jusqu'au départ du président Macky Sall", dont il a accusé le régime "de dérives sanglantes et dictatoriales", vendredi dans un communiqué.
Pour le gouvernement, les événements depuis jeudi ne sont pas "une manifestation populaire avec des revendications politiques", mais plutôt "des actes de vandalisme et de banditisme".
- Peur -
"J'ai vraiment peur parce qu'on ne sait pas comment tout ça va finir.Mais c'était bien prévisible, et il fallait peut-être qu'on passe par là pour que les choses bougent, pour que les politiques arrêtent de se jouer du peuple", a déclaré à l'AFP Fatou Ba, une commerçante de 46 ans dans le quartier populaire de Dalifort, à Dakar.
"S'ils veulent la paix (les autorités), ils n'iront pas chercher Sonko", espère-t-elle.
"Personne n'est en sécurité dans ce pays actuellement.Si les manifestations continuent, la vie va être encore plus difficile", dit Matar Thione, conducteur de moto de 32 ans.
Dans ce quartier, les quelques stations-service ouvertes sont prises d'assaut de crainte d'une pénurie d'essence.De nombreux Dakarois ont fait des réserves samedi dans les magasins ouverts de crainte que le climat de violence perdure.
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