Cet assaut contre la base de la force de l'UA en Somalie (Atmis), tenue par des militaires ougandais, avait été lancé à l'aube à Bulo Marer, à 120 km au sud-ouest de la capitale Mogadiscio, avec une voiture piégée et des kamikazes, et suivi d'affrontements à l'arme automatique.
Les shebab, affiliés à al-Qaida et qui mènent une insurrection sanglante dans le pays depuis plus de quinze ans, l'ont revendiqué, affirmant avoir "occupé" la base et fait de nombreuses victimes.
Ni l'Atmis, ni Mogadiscio n'ont donné de bilan, finalement annoncé samedi soir par le président ougandais Yoweri Museveni.
"Nous y avons retrouvé les corps sans vie de 54 soldats, dont un commandant", a annoncé M. Museveni dans un communiqué posté sur son compte Twitter officiel.Soit l'une des attaques les plus meurtrières depuis que le gouvernement somalien, soutenu par l'Atmis, a lancé une offensive contre les shebab en septembre dernier.
Deux jours après l'assaut, M. Museveni avait présenté ses condoléances aux familles des soldats tués, concédant implicitement la présence de victimes, et ajouté que "tous les faits" seraient "rendus publics".
M. Museveni avait expliqué le lourd bilan par les mauvaises décisions de deux officiers, paniqués face à cette attaque menée par "800 terroristes" et qui ont ordonné à leurs soldats de battre en retraite.
Ces officiers "n'ont pas réagi comme attendu et ont paniqué, ce qui les a désorganisés, et les shebab en ont profité pour envahir la base et détruire une partie de l'équipement", avait déclaré M. Museveni, ajoutant que les deux hommes seront jugés pour ces faits en cour martiale.
Malgré cela, "nous soldats ont démontré une résilience remarquables et se sont réorganisée, ce qui leur a permis de reprendre la base, avait-il assuré.
Un commandant de l'armée somalienne avait fait état à l'AFP de "violents combats" avant que les shebab ne battent en retraite face aux renforts envoyés par l'Atmis, notamment des hélicoptères de combat.
L'attaque a été condamnée par les Etats-Unis et l'Union européenne.
- Violences et sécheresse -
Les shebab combattent le gouvernement somalien et ses alliés internationaux afin d'instaurer la loi islamique dans ce pays de la Corne de l'Afrique.
Pour les contrer, l'Union africaine avait déployé en 2007 une force composée de militaires et policiers venus d'Ouganda, du Burundi, de Djibouti, d'Ethiopie et du Kenya, baptisée Amisom et autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Atmis a pris le relais de l'Amisom en avril 2022 avec un mandat plus offensif, et l'objectif de céder l'entière responsabilité de la sécurité du pays aux forces somaliennes fin 2024.
Chassés des principales villes en 2011-2012, les shebab restent solidement implantés dans de vastes zones rurales.
En mai 2022, ils ont lancé une attaque d'envergure contre une base de l'Atmis tenue par des soldats burundais au nord de Mogadiscio.Ni les autorités somaliennes, ni l'UA n'ont donné de bilan mais des sources militaires burundaises ont fait état auprès de l'AFP de 45 soldats tués ou manquant à l'appel.
Revenu au pouvoir en mai 2022, le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré une "guerre totale" contre les shebab et lancé une offensive militaire, appuyée par l'Atmis et par des frappes aériennes américaines.
Le président somalien a envoyé en septembre des troupes pour soutenir des milices claniques locales qui s'étaient soulevées contre eux dans le centre du pays.
L'armée et ces milices connues sous le nom de "macawisley" ont depuis repris aux shebab de larges pans de territoire, appuyés par l'Atmis et des frappes aériennes américaines.
Malgré ces revers, les shebab ont continué à mener des attentats meurtriers, y compris au coeur des villes et des installations militaires. Le 29 octobre 2022, deux voitures piégées ont explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333, l'attaque la plus meurtrière en cinq ans dans le pays.
Dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU en février, le secrétaire général Antonio Guterres a affirmé que 2022 avait été l'année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.
Le pays est dans le même temps confronté, comme ses voisins, à une sécheresse désastreuse, la pire depuis au moins quatre décennies.
Environ la moitié de la population somalienne aura besoin d'aide humanitaire cette année, avec 8,3 millions de personnes touchées par la sécheresse, estime l'ONU.
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