"Liberté, liberté" ou "unité nationale contre le populisme", ont scandé les 250 à 300 manifestants réunis dans le centre de Tunis qui brandissaient des photos de ceux qu'ils considèrent comme "des détenus politiques". Aux cris de "dégage, dégage", ils ont aussi réclamé une élection présidentielle anticipée alors que le terme du mandat du président Saied, que l'opposition accuse de "dérive dictatoriale", est prévu en octobre 2024. Depuis début février, les autorités ont lancé une campagne d'arrestations qui a visé des militants politiques, dont le co-fondateur du FSN, Jaouhar Ben Mbarek, et le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, membre du FSN, Rached Ghannouchi, ainsi que des hommes d'affaires et le directeur d'une radio locale privée. "Ils sont emprisonnés parce qu'ils ont exercé leur droit légitime à la dissidence", a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, président du FSN, aux manifestants. M. Chebbi a été interrogé vendredi au pôle antiterroriste dans le cadre de la même enquête que les personnes détenues. M. Chebbi a aussi demandé "à retourner aux urnes sous la supervision d'un organe indépendant" pour organiser "une élection présidentielle avec égalité des chances". Le président Kais Saied a accusé les personnes visées par l'enquête de "comploter contre la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat" tunisien et les a qualifiées de "terroristes". Vendredi, un juge d'instruction a émis une interdiction pour les médias audiovisuels en Tunisie d'évoquer deux affaires dont il a la charge "pour préserver le bon déroulement des investigations, le secret de l'instruction et la protection des données personnelles des prévenus". Cette vague d'arrestations a été décrite par Amnesty International comme une "chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques". "Les détenus dans cette affaire ont été interrogés sur leurs rencontres et échanges téléphoniques avec des diplomates étrangers, d'autres sur des interviews accordées à des médias", selon l'ONG. L'opposition accuse M. Saied, qui martèle régulièrement que "la justice est indépendante", d'avoir "la mainmise sur le pouvoir judiciaire". Depuis le 25 juillet 2021, M. Saied, un spécialiste de droit constitutionnel élu démocratiquement et à une large majorité en 2019, s'est emparé de tous les pouvoirs en modifiant la Constitution pour instaurer un système hyperprésidentialiste.
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