"Cette crise nécessitera un soutien financier durable et j'espère que nous pourrons tous garder le Soudan au sommet de nos priorités", a dit Martin Griffiths, le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, à l'issue d'une conférence des donateurs à Genève.
Elle était organisée à mi-chemin d'un cessez-le-feu de trois jours au Soudan qui semble avoir ramené le calme dans la capitale Khartoum.
Malgré ce répit, le chef de l'ONU Antonio Guterres a jugé que le Soudan sombre dans une spirale de mort et de destruction à une vitesse "sans précédent".Pour lui, il "pourrait rapidement devenir un lieu d'anarchie, qui provoque l'insécurité dans toute la région" si la communauté internationale lui tourne le dos.
Si M. Griffiths a souligné la générosité des donateurs, cette somme ne représente que la moitié du total dont les agences humanitaires estiment avoir besoin cette année pour venir en aide à une population déjà en proie à une grave crise que de violents combats entre l'armée et des paramilitaires aggravent encore.
Sur les 3 milliards de dollars dont l'ONU a besoin seuls 17% étaient financés jusque-là, alors que 25 millions de Soudanais, soit plus de la moitié de la population, dépendent de l'aide humanitaire pour survivre.
L'Allemagne, co-organisatrice de la conférence comme l'UE, le Qatar, l'Egypte ou encore l'Arabie saoudite, s'est engagée à verser 200 millions d'euros d'ici 2024, dont la moitié d'argent frais non encore assigné, et le Qatar a promis 50 millions de dollars.
L'Union européenne s'est engagée à hauteur de 190 millions d'euros d'aide humanitaire et d'aide au développement.
Le patron du Haut-Commissariat aux réfugiés Filippo Grandi a insisté qu'il fallait payer rapidement.
En deux mois de conflit plus de 2.000 personnes sont mortes, selon l'ONG Acled, et plus de 2,5 millions ont été forcées de fuir ailleurs au Soudan ou dans d'autres pays.
- Répit -
Sur le terrain, les raids aériens et bombardements d'artillerie ont cessé depuis dimanche matin à Khartoum, où cinq millions d'habitants survivent sous une chaleur écrasante.
Lundi, au deuxième jour de la trêve de 72 heures qui doit prendre fin mercredi à 06H00 locales, aucun combat n'était entendu dans la ville, selon plusieurs habitants interrogés par l'AFP.
Les combats ont éclaté il y a plus de deux mois, le 15 avril, entre l'armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo.
Après une dizaine de trêves systématiquement violées, les belligérants se sont engagés à laisser passer l'aide humanitaire dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvres du monde.
Mais tout manque.L'arrivée de la saison des pluies fait de plus craindre des épidémies, a souligné lundi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), décrivant les ordures qui s'accumulent, les cadavres qui gisent toujours à l'air libre dans des zones difficiles d'accès.Et il souligne que par désespoir, de nombreux habitants sont obligés de boire de l'eau insalubre du Nil ou d'autres sources.
La Croix-Rouge, les agences de l'ONU et d'autres ONG doivent aussi aider les pays voisins du Soudan, eux-même plongés dans une crise économique ou en proie à des violences, à accueillir les réfugiés.
Depuis plusieurs semaines, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis font office de médiateurs entre les deux camps.Ils ont obtenu de courtes trêves mais pas l'ouverture de négociations pour un plan de sortie de crise.
Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a lors de la conférence de lundi salué cet effort de médiation, ainsi que celui de l'Union africaine et de l'Igad, le bloc de l'Afrique de l'Est auquel appartient le Soudan.
"Il n'y a d'autre solution que politique", a-t-il insisté.
- "Désastre" annoncé au Darfour -
La situation est particulièrement inquiétante au Darfour, une vaste région de l'ouest du Soudan, où s'affrontent militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés.
Toujours à Genève, lors d'une séance du Conseil des droits de l'homme de l'ONU consacrée lundi au Soudan, l'ambassadeur britannique Simon Manley s'est dit "particulièrement horrifié par les récits de violence ethnique croissante et de violence sexuelle et sexiste dans certaines parties du Darfour".
Déjà dévasté dans les années 2000 par une guerre qui a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU, le Darfour se dirige vers un nouveau "désastre humanitaire", a averti l'ONU, en évoquant de possibles "crimes contre l'humanité".
Au Darfour, "le conflit a désormais une dimension ethnique", ont alerté l'ONU, l'Union africaine et l'Igad dans un communiqué commun, "avec des attaques ciblées basées sur l'identité des gens et des déplacements de populations".
Selon l'ONU, plus de 150.000 personnes ont fui le Darfour vers le Tchad.
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