Ce procès ouvert le 28 septembre 2022 est suspendu depuis le 29 mai, les avocats refusant de plaider parce qu'ils disent n'avoir toujours pas été payés au bout de plus de huit mois. L'un des avocats des parties civiles, Me Aboubacar Sidiki Camara, a indiqué qu'un règlement avait été trouvé entre le collectif des avocats du procès et les autorités, avec la médiation de "personnes de bonne volonté" non précisées et du Conseil de l'Ordre. "Le procès reprend demain" mercredi, a-t-il déclaré. Un autre avocat des parties civiles, Me Alpha Amadou DS Bah, a confirmé la reprise des audiences. Me Aboubacar Sidiki Camara a expliqué que les autorités avaient accepté le principe que les avocats puissent bénéficier d'une aide financière à laquelle leurs clients peuvent prétendre, l'aide juridictionnelle. Les avocats font valoir que leurs clients sont incapables de faire face aux frais. Cela vaut aussi pour les accusés, détenus et dépourvus de revenus. Les autorités ont aussi accepté de changer les tables et les fauteuils des avocats qui se plaignaient de leurs conditions de travail dans la salle, a dit Me Aboubacar Sidiki Camara. L'ex-dictateur Moussa Dadis Camara et une dizaine d'anciens officiels militaires et gouvernementaux répondent devant les juges de dizaines d'assassinats et d'une litanie de crimes de violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations, commis dans un stade de la banlieue de Conakry et alentour le 28 septembre 2009 et les jours suivants. Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées et au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés. Les victimes attendent beaucoup de ce procès, le premier du genre dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires. L'ONG Human Rights Watch s'alarmait la semaine passée des incertitudes sur l'avenir du procès. Elle faisait état dans un communiqué d'une crainte "d'épuisement général du budget du procès" et "d'inquiétudes quant à la possibilité que les ressources allouées soient insuffisantes pour mener le procès à son terme". "La Guinée et ses partenaires internationaux devraient trouver un moyen de faire sortir le procès de l'actuelle impasse, afin que justice puisse enfin être rendue", disait-elle.
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