Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des colonels au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.
Les résultats du référendum, provisoires en attendant leur validation définitive, seront proclamés lors d'une cérémonie au Centre international de conférences de Bamako, a indiqué l'autorité électorale sur sa page Facebook.
La victoire du oui passe communément pour acquise.
Le référendum qui s'est tenu dimanche constitue une importante étape sur le chemin censé aboutir en mars 2024 à un retour des civils à la tête de ce pays confronté au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle.
C'était le premier vote depuis que les militaires ont pris le pouvoir par la force en août 2020 et qu'ils l'exercent quasiment sans partage.
Le référendum, matérialisant un calendrier de réformes et de consultations prévues jusqu'à la présidentielle, était scruté attentivement pour les indications qu'il pouvait livrer sur le soutien de la population à la junte et à son chef, le réputé populaire colonel Assimi Goïta, ainsi que sur la situation intérieure.
Le vote a été entravé dans de nombreuses localités du centre et du nord soit par la crainte des attaques jihadistes soit par des désaccords politiques.
L'autorité électorale a fait état mercredi d'un taux de participation de 38% après dépouillement dans la quasi-totalité des bureaux.La participation est traditionnellement faible au Mali.
Les autorités ont défendu la réforme comme une pierre essentielle de la refondation qu'ils entendent conduire de l'Etat malien.
La nouvelle Constitution est censée remédier aux insuffisances de celle de 1992, volontiers désignée comme un facteur de la faillite de l'Etat face à la multitude des défis: propagation jihadiste, pauvreté, ruine des infrastructures ou délabrement de l'école.
- Affaire de passeport -
La Constitution proposée fait la part belle aux forces armées.Elle met en exergue la "souveraineté", mantra de la junte depuis son avènement puis la rupture avec l'ancienne puissance dominante française et le pivotement vers la Russie.
Le référendum a coïncidé avec un autre acte de rupture de la part de la junte: la demande de retrait des plus de 11.000 Casques bleus et près de 1.600 policiers de la mission de l'ONU déployée dans le pays depuis 2013.
La réforme se distingue surtout en renforçant les pouvoirs du président, qui "détermine la politique de la Nation" alors que dans le texte de 1992, c'est le gouvernement qui le fait.
Elle prévoit l'amnistie pour les auteurs de coups d'Etat antérieurs à sa promulgation, et alimente les spéculations persistantes sur une éventuelle candidature du colonel Goïta à la présidentielle.
La réforme a cristallisé une opposition hétérogène, qui a réussi à se faire entendre.
Les groupes armés du nord qui ont combattu l'Etat central avant de signer avec lui un fragile accord de paix en 2015, et qui exercent un large contrôle dans le nord, ont empêché la tenue du vote sur un texte dans lequel ils disent ne pas retrouver l'accord de 2015.
Ils ont dénoncé des bourrages d'urnes dans les localités du nord où le vote a eu lieu.
D'influentes organisations religieuses se sont liguées contre le maintien du principe de laïcité de l'Etat dans la Constitution.
L'une des figures de cette mobilisation, l'imam Mahmoud Dicko, s'est livré lors d'un meeting pour le non à une violente diatribe contre le texte et la junte.
D'abord soutien de la junte avant d'en devenir un ardent détracteur, il s'est vu confisquer son passeport jeudi à l'aéroport de Bamako alors qu'il rentrait de Mauritanie, selon son entourage.
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