Arrivé dans la matinée, le ministre de l'Intérieur a commencé son déplacement par un "point de situation sur l'action menée par l'Etat" dans le 101e département français, le plus pauvre du pays, à la situation sociale et sécuritaire explosive.
"Les résultats sont là, en matière de lutte contre la délinquance, contre l'habitat insalubre, contre l'immigration irrégulière", a-t-il affirmé dans un message publié sur Twitter en défense de l'opération Wuambushu.
Sur place, sa visite est très attendue et des collectifs de citoyens mahorais se sont réunis pour l'attendre à Mamoudzou.
"Il a le soutien de la population mais il ne faut pas qu'il nous lâche.Il est condamné à se battre avec nous jusqu'au bout.Il n'y a pas un seul service public de l'île qui n'est pas impacté par l'immigration clandestine", a affirmé à l'AFP Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018.
Lancée officiellement le 24 avril dernier, l'opération Wuambushu devait initialement durer deux mois mais si les objectifs annoncés étaient ambitieux, les résultats sont pour l'instant modestes, aux yeux des collectifs.
"Il faut qu'il y ait beaucoup plus de décasages (destructions de bidonvilles, NDLR), des sanctions pour les marchands de sommeil et plus de contrôles aux frontières", estime Safina Soula.
- Prolongement de l'opération -
Vendredi soir, dans une interview au Figaro diffusée quelques heures avant son déplacement, Gérald Darmanin a annoncé le prolongement de l'opération Wuambushu, assurant que le gouvernement allait "continuer à injecter des moyens" et maintiendrait "plus d'un millier" de forces de sécurité sur l'île.
Défendant le bilan de l'opération, il a affirmé qu'en deux mois, "les violences contre les personnes ont été réduites de 22%" et les cambriolages, vols et atteintes aux biens "ont diminué de 28%".
"Surtout, sur les 57 chefs de bandes identifiés au départ, 47 ont été arrêtés et présentés devant la justice", a-t-il poursuivi, revendiquant aussi avoir "divisé par trois le flux entrant de clandestins".
Reste que l'objectif fixé par M. Darmanin de la destruction d'ici à la fin juin de 1.000 bangas, ces cases insalubres en tôle, n'a pas été atteint et a été repoussé à la fin de l'année.
Depuis le début de l'opération, dénoncée par des associations comme "brutale" et "antipauvres", les services de l'Etat n'ont réussi à démanteler que deux quartiers informels, Talus 2 et Barakani, correspondant à environ 250 habitations.
Les expulsions, avec un objectif affiché de 150 à 400 éloignements quotidiens contre 70 par jour en moyenne en 2022, ont de leur côté été rendues compliquées par l'arrêt des liaisons maritimes avec les Comores pendant près d'un mois, Moroni refusant l'accostage sur l'île comorienne d'Anjouan de bateaux transportant des migrants.
Après de longues négociations, les traversées ont repris le 17 mai, Gérald Darmanin assurant que Moroni reprend désormais "100% des personnes irrégulières que nous leur présentons".
La dernière ambition du gouvernement avec l'opération Wuambushu, la lutte contre la criminalité, pose également des problèmes de surpopulation carcérale, au point que l'unique prison de l'île a été bloquée début juin par des surveillants pénitentiaires.
"On est à 230% de taux d'occupation, il y a 620 détenus pour 278 places", s'était agacé Houmadi Mouhamadi, secrétaire général de FO pénitentiaire, jugeant la situation "pas tenable".
Gérald Darmanin est accompagné à Mayotte par le ministre délégué chargé des Outre-mer Jean-François Carenco, que rejoindra dimanche le ministre délégué au Logement, Olivier Klein.Sa visite se concentrera aussi sur le problème de l'eau, très prégnant à Mayotte où les coupures d'eau sont quasi-quotidiennes.
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