Le texte, voté la semaine dernière par le parlement, prévoit notamment une hausse de la TVA sur les carburants de 8 à 16%, ainsi qu'un impopulaire prélèvement sur les salaires afin de financer un programme de logement à bas prix. Initialement prévu à 3%, il a été réduit à 1,5%. "Le président Ruto a approuvé la loi de finances", a annoncé la présidence kényane dans un message transmis aux médias, accompagné de photos du chef de l'État apposant sa signature. Face au mécontenement suscité par le texte, certaines dispositions initiales du budget, comme une taxe sur les produits de beauté, ont été retirées. Avec ce projet, le gouvernement de William Ruto, élu en août 2022, vise à renflouer les caisses de l'État, lourdement endetté notamment par les grands projets d'infrastructure de son prédécesseur Uhuru Kenyatta, dont il fut le vice-président. La dette publique kényane culmine à 65 milliards d'euros, soit environ 67% du produit intérieur brut, et son remboursement devient de plus en plus coûteux avec la dépréciation continue du shilling. Locomotive économique d'Afrique de l'Est d'environ 53 millions d'habitants, le Kenya fait face également à une forte inflation (+8% sur un an en mai) et une sécheresse historique. La croissance a plafonné à 4,8% en 2022, bien loin des 7,6% atteints en 2021. L'opposition, emmenée par le vétéran Raila Odinga, l'a accusé de renier ses promesses de campagne alors qu'il s'était présenté comme le défenseur des déshérités en s'engageant à améliorer leurs conditions de vie. "Notre position reste que le projet de loi est une erreur et une expérimentation que les Kényans peuvent difficilement se permettre", a déclaré lundi à l'AFP Dennis Onyango, porte-parole de Raila Odinga. La coalition d'opposition Azimio doit décider mardi d'éventuelles actions contre ce texte. Entre mars et mai, elle avait organisé des manifestations antigouvernementales qui ont fait, selon les autorités, trois morts. Le Fonds monétaire international a salué fin mai l'action du gouvernement Ruto qui a répondu "rapidement" aux défis économiques et engagé des dépenses "prudentes" en 2022, dans un communiqué annonçant un accord pour un prêt d'un milliard de dollars (927 milliards d'euros) au Kenya. Si les perspectives à moyen terme sont favorables pour l'économie kényane, "des défis importants subsistent dans le contexte d'une croissance économique mondiale lente et de conditions financières difficiles", a estimé l'institution.
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