Le gouvernement fédéral de M. Abiy a entamé début avril, sans préavis, une opération de démantèlement des "forces spéciales", nom donné en Ethiopie aux unités paramilitaires mises sur pieds hors de tout cadre légal par les exécutifs de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d'années. Cette opération, consistant selon le gouvernement à intégrer les membres de ces forces au sein de l'armée fédérale ou des polices régionales, a suscité une forte résistance et de violentes manifestations dans l'Etat régional de l'Amhara, où les autorités sont accusées de vouloir ainsi affaiblir cette région. "Le démantèlement des +forces spéciales+ est justifié par une demande du Parlement et par l'intérêt général (...) elles posent un risque majeur pour l'unité nationale du pays, cela a été prouvé au Soudan", a déclaré M. Abiy, répondant aux questions à la Chambre des Représentants du Peuple, la chambre basse du Parlement. Le Soudan a sombré dans le chaos depuis mi-avril et le début de combats entre une force paramilitaire et l'armée nationale. En Ethiopie, "il n'y aura plus d'autres forces armées que les forces (fédérales) de défense et la police et d'autres forces régulières de sécurité. Nous poursuivrons cette opération jusqu'à ce qu'il en soit ainsi", a-t-il insisté, assurant qu'elle vise "toutes les régions" et non la seule Amhara "comme cela a été affirmé". La Constitution éthiopienne prévoit que les Etats régionaux, dessinés le long de lignes linguistiques et culturelles dans un pays mosaïque de 80 peuples, disposent de leurs propres institutions et d'une police régionale. Mais ces 15 dernières années, certains Etats ont progressivement mis sur pied des "forces spéciales" sous autorité régionale, non prévues par la Constitution mais restées largement tolérées. Les "forces spéciales" de l'Amhara, épaulées par les milices "d'autodéfense" amhara Fano, ont apporté une aide cruciale à l'armée fédérale durant les deux ans de récent conflit armé contre les autorités de la région du Tigré, entrées en rébellion. Un accord a mis fin en novembre dernier à ce conflit, mais le texte mécontente une large partie de la communauté amhara, la 2e en nombre du pays dont elle fut longtemps l'élite économique et politique. Des litiges frontaliers opposent depuis des années les Amhara au parti au pouvoir au Tigré, le TPLF, qui a longtemps dominé le pouvoir fédéral éthiopien, jusqu'à l'arrivée de M. Abiy au pouvoir en 2018. Forces spéciales amhara et Fano occupent notamment depuis le conflit le Tigré occidental, zone du Tigré selon la Constitution mais revendiquée par les Amhara et dont le TPLF réclame la restitution aux termes de l'accord de paix.
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