Fatma Yaacoubi, membre de la "Commission nationale de conciliation pénale", avait tenu ses propos, qui ont suscité des moqueries sur les réseaux en raison de l'importance des sommes, lors d'une visite de M. Saied au siège de cette instance le 20 juin. Elle a été limogée vendredi "avec effet immédiat" par un décret de M. Saied, selon un communiqué de la présidence. Le projet de réconciliation pénale, annoncé en mars 2022 vise à substituer aux poursuites judiciaires et condamnations frappant ou dont sont passibles les auteurs de crimes économiques, le versement de pénalités ou la réalisation de projets dans le pays. Le 21 mars M. Saied avait limogé le chef de cette instance, lui faisant ainsi payer son échec à renflouer les caisses de l'Etat avec les importantes sommes espérées. Mais lors de sa visite à son siège le 20 juin, M. Saied s'était entendu dire par Mme Yaacoubi qu'un homme d'affaires tunisien en exil avait "fait une demande de réconciliation de près de 30 milliards de dinars, en dollars cela fait 10 milliards de dollars", selon une vidéo diffusée par la présidence. "Trente milliards, cela veut dire trente milles millions de dinars", a-t-elle insisté lorsque M. Saied l'a interpellée pour vérifier qu'il s'agit bel et bien de milliards. Le président a ensuite pris la parole pour dire que "si une telle somme pouvait provenir d'une seule personne, cela nous permettra d'éviter d'emprunter auprès d'une quelconque institution". La somme mirobolante évoquée par Mme Yaacoubi avait suscité une vague de railleries sur les réseaux tunisiens. A titre de comparaison, les recettes prévues dans le budget en 2023 s'élèvent à environ 15 milliards de dollars. La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un prêt de près de 2 milliards de dollars mais les discussions sont depuis dans l'impasse, faute d'engagement ferme du pays à mettre en oeuvre un programme de réformes qu'il a lui même présenté. M. Saied a rejeté en avril ce qu'il qualifie de "diktats" du FMI en matière de réformes. Début juin, il a proposé l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer du prêt du FMI.
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