Kenya: trois morts dans les manifestations anti gouvernementales (nouveau bilan)

Infos. Trois personnes sont mortes au Kenya à la suite de manifestations anti gouvernementales de l'opposition contre le coût de la vie et de nouvelles taxes vendredi, selon un nouveau bilan donné samedi de sources hospitalière et policières.

Kenya: trois morts dans les manifestations anti gouvernementales (nouveau bilan)

La police kényane avait tiré vendredi des gaz lacrymogènes contre le convoi du chef de l'opposition Raila Odinga, dans la capitale Nairobi, une des villes où se déroulaient des manifestations. Elle a fait de même pour disperser des rassemblements dans les villes de Mombasa (sud) et Kisumu (ouest). "Nous avons eu un autre décès (...), ce qui porte maintenant le nombre de morts à deux à la suite des manifestations d'hier", a déclaré George Rae, un cadre de l'hôpital Jaramogi Oginga Odinga à Kisumu, un bastion de l'opposition sur le lac Victoria. Un autre responsable de cet établissement avait fait état la veille du décès d'un homme blessé par balle. Une source policière a ensuite indiqué à l'AFP qu'un troisième homme, touché par balles, était mort dans un hôpital du comté de Migori (sud-ouest) où il avait été amené. Une autre source policière a confirmé ce bilan. Des groupes de défense des droits ont de leur côté dénoncé des violences et "arrestations arbitraires". Samedi, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des représentants de la société civile, dont l'ancien juge en chef Willy Mutunga, qui réclamaient la libération de dizaines de personnes arrêtées lors des manifestations, ont indiqué des militants. "Il n'est pas du tout justifié que la police nous lance des gaz lacrymogènes alors que nous sommes venus pacifiquement demander la libération d'activistes innocents détenus dans les cellules depuis hier", a déclaré l'avocat Lempaa Suyianka. "Nous voulons qu'ils soient libérés parce que certains d'entre eux ont même été blessés et qu'ils ont besoin de soins médicaux", a-t-il déclaré aux journalistes devant le poste de police central de Nairobi. - 10 millions de signatures - La Commission nationale des droits de l'homme du Kenya a appelé samedi à l'ouverture d'une "enquête approfondie sur tous les cas signalés de "brutalités policières". "Les actes de brutalité policière, y compris l'usage d'une force excessive entraînant des blessures et l'arrestation et la détention de manifestants pacifiques, sont des violations claires des (...) dispositions constitutionnelles", a déclaré la commission dans un communiqué. Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont la Commission kényane des droits humains, avaient dénoncé auparavant dans un communiqué les "blessures et arrestations arbitraires contre des manifestants pacifiques", évoquant des manifestants "traînés au sol" à Nairobi. Amnesty International a évoqué "une force excessive" exercée par la police. Le porte-parole de M. Odinga, Dennis Onyango, a déclaré samedi à l'AFP que son alliance Azimio prévoyait d'organiser "au moins une (manifestation) chaque semaine", la prochaine étant prévue mercredi. Entre mars et mai, la coalition d'opposition avait organisé des manifestations antigouvernementales qui avaient fait, selon les autorités, trois morts. Raila Odinga, chef de l'opposition et candidat malheureux à la présidentielle de 2022 face à William Ruto, a annoncé vendredi lors du rassemblement à Nairobi son intention de recueillir 10 millions de signatures pour démettre de ses fonctions son rival. Le vice-président Rigathi Gachagua a balayé samedi ce projet, déclarant qu'il n'existe "aucune disposition dans notre constitution donnant une marge de manoeuvre pour destituer un président en exercice par des signatures." La semaine dernière, le président Ruto a promulgué une loi de finances qui instaure une série de nouvelles taxes, malgré les critiques de l'opposition et de la population de ce pays touché par une forte inflation. Le texte prévoit notamment une hausse de la TVA sur les carburants de 8 à 16%, ainsi qu'un impopulaire prélèvement sur les salaires afin de financer un programme de logement à bas prix. Initialement prévu à 3%, il a été réduit à 1,5%.

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