Les affrontements entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo et les troupes régulières du général Abdel Fattah al-Burhane ont fait depuis le 15 avril près de 3.000 morts, un bilan très sous-estimé tant les corps qui jonchent les rues sont inaccessibles. La guerre a également fait trois millions de déplacés et de réfugiés et, alors qu'aucune initiative diplomatique n'a jusqu'ici accouché de plus que de quelques heures de trêve, le Soudan est désormais, selon l'ONU, "au bord d'une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région". Premiers concernés, et pourtant longtemps mis à l'écart par les médiateurs américains et saoudiens, les pays d'Afrique de l'Est tentent de reprendre la main. Mais le "Quartet" de l'Igad composé du Kenya, de Djibouti, de l'Ethiopie et du Soudan du Sud est présidé par le chef de l'Etat kényan William Ruto, dont le gouvernement soudanais dénonce la "partialité". "Notre délégation est bien arrivée à Addis Abeba lundi matin (...) mais a été informée que la présidence du groupe des quatre n'avait pas été remplacée" comme le gouvernement l'avait réclamé, indique le ministère soudanais des Affaires étrangères dans un communiqué. - "Occuper le Soudan" - Dans son communiqué final, le Quartet déplore "l'absence regrettable de la délégation des Forces armées soudanaises (SAF) bien qu'invitée et ayant confirmé sa participation". Le général Mohamed Hamdane Daglo, chef des FSR, avait de son côté envoyé son conseiller politique à Addis Abeba. Les FSR ont dénoncé dans un communiqué un "comportement irresponsable". Le Quartet assure néanmoins "mobiliser et concentrer les efforts de toutes les parties prenantes à parvenir à faire se rencontrer face-à-face les chefs des deux parties belligérantes". Le Quartet a de nouveau appelé "à signer un cessez-le-feu inconditionnel" entre les belligérants soudanais. L'Igad réclame un sommet de la Force est-africaine en attente (EASF) "afin d'étudier un possible déploiement" de celle-ci au Soudan "pour protéger les civils et garantir l'accès humanitaire". L'EASF est l'une des cinq composantes régionales de la Force africaine en attente (FAA), force de maintien de la paix de l'Union africaine (UA), dont la réalité opérationnelle se heurte à de nombreux défis. Moubarak Ardol, un ex-rebelle soudanais désormais aligné sur l'armée, a dénoncé "un plan pour occuper le Soudan au sein d'une réunion visant à promouvoir une ingérence militaire" et félicité l'armée d'avoir boycotté cette rencontre. - "Interférence étrangère" - Molly Phee, la sous-secrétaire d'Etat américaine pour l'Afrique est également à Addis Abeba lundi et mardi pour rencontrer des responsables régionaux et soudanais. Dans un communiqué dimanche, elle a dit appeler les deux belligérants soudanais à "cesser immédiatement les combats". Elle dit également "reprendre les appels des pays de la région à empêcher toute interférence étrangère et soutien militaire qui aggraverait ou prolongerait le conflit". Selon des experts du dossier, les deux camps ont des soutiens de poids au-delà des frontières du Soudan: le voisin égyptien au nord soutient l'armée alors que les Emirats arabes unis et les mercenaires russes de Wagner sont du côté des FSR. Sur le terrain, des habitants ont rapporté à l'AFP des combats ainsi que des raids aériens dans différents quartiers de Khartoum. "Des roquettes sont tombées sur des maisons de civils", a affirmé l'un d'entre eux. Des combats étaient également en cours à El-Obeid, à 350 km au sud de Khartoum, selon des témoins. Et une source au sein de l'armée a affirmé que les troupes régulières avaient "repoussé une attaque" d'un groupe rebelle dans l'Etat du Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie Samedi, des dizaines de civils ont été tués dans la banlieue nord-ouest de Khartoum par un raid imputé à l'armée de l'air. Le bombardement, survenu samedi sur le quartier résidentiel de Dar al-Salam à Omdourman, a fait selon le ministère "22 morts et un grand nombre de blessés parmi les civils".
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