"Crimes de guerre" lors de l'attaque d'une ville du Darfour

Infos. Des dizaines de personnes ont été tuées et blessées lors de l'attaque fin mai par des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et des tribus arabes de la ville de Misterei au Darfour, "presque entièrement incendiée", affirme mardi HRW, qui exhorte la CPI à enquêter sur ces "crimes de guerre".

"Crimes de guerre" lors de l'attaque d'une ville du Darfour

"Les FSR et des tribus arabes (alliées aux FSR, NDLR) ont exécuté sommairement au moins 28 personnes de l'ethnie Massalit, et tué et blessé des dizaines de civils le 28 mai dans l'Etat du Darfour-Ouest", rapporte l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch dans ce rapport d'enquête publié mardi et intitulé "Soudan: une ville du Darfour anéantie". Selon l'ONG, "plusieurs milliers" d'assaillants, arrivés à l'aube sur "des pick-up, des motos et à cheval", ont "encerclé" la ville de 46.000 habitants puis se sont affrontés avec des civils armés Massalit issus d'un groupe d'autodéfense local. Selon HRW, les FSR et les milices arabes lourdement armées ont ensuite "tué des hommes dans leurs maisons, dans les rues (...) et ont tiré sur des habitants en fuite, tuant et blessant des femmes, et blessant des enfants". Des civils ont été pourchassés dans des écoles et des mosquées où ils avaient trouvé refuge. Les assaillants se sont rendus au moins huit fois dans des écoles à la recherche d'hommes qu'ils ont exécuté sommairement, selon des témoignages. Deux femmes ayant trouvé refuge dans une école ont raconté que les assaillants avaient exécuté trois hommes et criblé la salle de classe de balles, blessant gravement trois femmes et deux enfants, selon HRW. Les assaillants ont pillé la ville à grande échelle et l'ont "presque entièrement incendiée" comme en témoignent des images satellites, rapporte HRW, ce qui a provoqué l'exode de "milliers d'habitants" au Tchad voisin. "Nombre de ces violations s'apparentent à des crimes de guerre", estime l'ONG, qui exhorte la Cour pénale internationale - qui enquête déjà sur les crimes commis au Darfour à partir du début des années 2000 - à enquêter sur l'attaque de Misterei. Misterei est majoritairement peuplée de Massalit, une des grandes ethnies non-arabes du Darfour, région de l'ouest du Soudan qui avait déjà été meurtrie par une guerre civile dans les années 2000 et où les combattants arabes ont de longue date fait régner la terreur. La fracture ethnique se creuse davantage dans cette région depuis le début, au printemps, d'une guerre entre les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo et l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane. Le 28 mai au soir, des rescapés de l'attaque de Misterei ont "enterré les corps d'au moins 59 personnes, la plupart des hommes, dans des fosses communes", selon les témoignages recueillis. Des responsables locaux ont affirmé à HRW qu'au moins 97 personnes ont été tuées, dont des membres du groupe d'autodéfense local. De son côté, HRW a pu établir qu'"au moins 40 civils avaient été tués", dont une femme, et au moins 14 civils blessés, dont 5 femmes et 4 enfants. "Depuis que ce conflit a éclaté au Soudan en avril, parmi les pires atrocités ont été perpétrées au Darfour-Ouest", déclare Jean-Baptiste Gallopin, chercheur à HRW. "Ces tueries de masse et la destruction totale de Misterei prouvent le besoin d'une réponse internationale plus forte à ce conflit qui s'étend". Pour réaliser cette enquête, les chercheurs de HRW ont recueilli en juin les témoignages de 29 rescapés de l'attaque ayant fui au Tchad. L'ONG s'est également entretenue avec 37 réfugiés originaires d'autres localités du Darfour-Ouest, et qui ont décrit les mêmes violations, et a analysé des images satellites et des données de détection d'incendies. HRW exhorte les parties en conflit au Soudan à "arrêter d'attaquer les civils" et à permettre un "accès humanitaire sécurisé".

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