La période juin 2022-juin 2023 "a vu une hausse des arrestations et harcèlements d'employés de médias, membres de partis politiques et de la société civile, signes d'un inquiétant rétrécissement de l'espace civique" en Ethiopie, constate la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) dans son rapport annuel. Institution publique statutairement indépendante, l'EHRC déplore également le "blocage national" depuis le 9 février de l'accès à YouTube, Telegram, Facebook et TikTok, lequel "restreint la liberté d'expression et l'accès à l'information". "L'un des développements positifs les plus notables" des douze derniers mois en Ethiopie est l'accord ayant mis fin, en novembre, à deux ans de guerre brutale entre le gouvernement éthiopien et les autorités rebelles de la région du Tigré, note l'EHRC. Cet accord "a ramené une paix relative dans l'essentiel" au Tigré et "dans des parties des régions de l'Amhara et de l'Afar" voisines, se réjouit la Commission qui juge "encourageants" les préparatifs par le gouvernement fédéral d'un processus de "justice transitionnelle" concernant les crimes commis durant le conflit. Mais "les conflits, l'insécurité, les attaques de groupes armés et les mesures sécuritaires des forces gouvernementales ont continué de tuer, blesser et déplacer des civils dans toutes les régions d'Ethiopie", déplore-t-elle. Elle se dit "extrêmement inquiète" des "conflits et attaques dans la région de l'Oromia", théâtre de violences multifacettes où se mêlent activités des rebelles de l'Armée de libération oromo (OLA), opérations de répression et affrontements intercommunautaires. Et note que "la détérioration de la situation sécuritaire en Amhara" depuis l'annonce en avril par le gouvernement fédéral du démantèlement de forces paramilitaires régionales "est tout aussi inquiétante". L'EHRC a recensé au cours de l'année écoulée "une hausse des couvre-feux, check-points et autres formes de restrictions des déplacements (...) inter- et intra-régionaux", imposées "pour la plupart par les autorités municipales, souvent arbitrairement et hors des procédures légales". Tout en notant des "améliorations importantes des centres de détention et du traitement des détenus", la Commission souligne que "le nombre de cas rapportés de traitements inhumains et dégradants dans les postes de police et les prisons reste non négligeable". Elle dénonce notamment des cas de détention arbitraire et torture, ainsi que des "disparitions forcées" notamment - mais pas exclusivement - à Addis Abeba, en Oromia et Amhara. "Les circonstances varient, mais le plus souvent les victimes sont emmenées de chez elles, de leur lieu de travail ou autre, sans décision judiciaire ou mandat d'arrêt et retenues dans des endroits tenus secrets durant des périodes allant de plusieurs jours à plusieurs semaines ou même mois", explique-t-elle "Nombre d'entre elles ont été libérées ou transférées dans des centres de détention légitimes, mais d'autres restent introuvables contre leur gré".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.