France: une réfugiée soudanaise cherchant à faire sortir ses filles du Soudan déboutée

Les deux enfants sont bloquées depuis des semaines à Wadi Halfa, à la frontière soudano-égyptienne. Les deux enfants ont légalement le droit de venir en France au titre d'une procédure de réunification familiale. Mais elles ne peuvent sortir du Soudan en guerre faute de papiers en règle, les démarches administratives ayant trainé puis ayant été interrompues lorsque la guerre a éclaté en avril. La justice administrative saisie par la mère, Ranya, une journaliste soudanaise réfugiée en France depuis 2020, a enjoint le 15 juin à l'Etat français de délivrer des laissez-passer aux deux filles dans les 72 heures. Le ministère de l'Intérieur a bien produit les documents mais argué que leur remise était "impossible à mettre en oeuvre en raison de circonstances exceptionnelles", compte tenu de la guerre qui ravage le pays. Dans son ordonnance jeudi, le Conseil d'Etat souligne qu'"il appartient aux autorités françaises de prendre les mesures permettant aux ressortissants étrangers pouvant bénéficier d'une réunification familiale de faire valoir leur droit, par la délivrance d'un visa ou de toute autre mesure équivalente". En revanche, ajoute-t-il, "la juridiction administrative n'est pas compétente pour connaître des demandes tendant à ce que soit organisée l'évacuation de ressortissants étrangers du territoire de l'Etat dans lequel ils se trouvent". Ranya - qui ne souhaite pas donner son nom de famille - et ses avocats demandaient qu'un agent consulaire français ou, à défaut, un intermédiaire comme une ONG puisse traverser la frontière et remettre les documents aux enfants. Le Conseil d'Etat a estimé que l'organisation d'un franchissement de frontière était un acte "non détachable de la conduite des relations internationales de la France" et donc hors de la compétence du juge administratif. "Que reste-t-il comme solution pour ces deux jeunes filles, les laisser dans la guerre ou faire appel à des passeurs? ", a réagi auprès de l'AFP Me Héloïse Cabot, l'avocate de Ranya, déplorant que l'Etat ne mette pas tout en oeuvre pour les sortir du Soudan. La guerre entre l'armée et les paramilitaires au Soudan a fait au moins 3.000 morts et trois millions de déplacés et réfugiés.