"La Cour de Tanger a accepté notre demande pour la création d'une commission rogatoire en France. La procédure est en cours", a indiqué à l'AFP l'avocate Aïcha Guellaa, présidente de l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV), lors d'une conférence de presse à Rabat. Selon Me Guellaa, cette commission aura pour but d'auditionner Jacques Bouthier, qui est parallèlement mis en examen en France pour, entre autres, "traite d'êtres humains" et "viols sur mineure". Âgé de 76 ans, l'ancien PDG du groupe de courtage en assurance Assu 2000 a été libéré sous caution, sous contrôle judiciaire, pour raisons médicales en mars 2023 après dix mois de détention. "La justice française n'a pas eu le courage face à la pression pécuniaire (...), elle n'a pas eu le courage de le poursuivre en état de détention", a déploré l'avocate. "Nous n'avons pas d'espoir que la justice française puisse rendre justice aux victimes", a-t-elle ajouté. Si M. Bouthier n'est pas poursuivi à ce stade au Maroc, huit de ses collaborateurs --six Marocains, dont deux femmes, et deux Français-- sont sous le coup de poursuites pour "traite humaine" et "harcèlement sexuel", "incitation à la débauche" et "non dénonciation de crimes tentés ou consommés". Quatre d'entre eux sont actuellement en détention tandis que les autres sont en liberté provisoire. Leur procès doit reprendre le 25 juillet devant la chambre criminelle de première instance de la Cour d'appel de Tanger. Par ailleurs, "une note de recherche a été lancée par le procureur général de la Cour d'appel de Tanger contre un suspect qui a pris la fuite pour la France", a précisé l'avocat Abdelfattah Zahrach. Il s'agit de l'ex-directeur général de la filiale tangéroise d'Assu 2000 (rebaptisée Vilavi), un Franco-Tunisien, selon l'AMDV. L'affaire a été enclenchée au Maroc après des plaintes d'anciennes employées déposées en juin 2022 à Tanger. Les faits présumés se sont produits entre 2018 et avril 2022 dans des succursales du groupe, dirigé à l'époque par Jacques Bouthier. Au total, six plaignantes se sont constituées partie civile. Elles ont témoigné de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d'intimidations au sein du courtier en assurance à Tanger, dans un climat de précarité sociale. Des confessions rares au Maroc où les victimes d'abus sexuels sont souvent stigmatisées par la société.
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