Le 13 juillet, alors que M. Okende avait été retrouvé mort le matin-même, "je vous avais dit que nous avions entre nos mains son garde du corps, qui est un proche et qui est pour nous le premier suspect", a déclaré lors d'un point de presse Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation. "Ce suspect (...) nous a fait beaucoup de déclarations (...) qui ne sont pas constantes", a-t-il ajouté. Le chauffeur de l'ex-ministre des Transports assassiné est également entendu, ainsi que "d'autres personnes", a encore indiqué M. Mvonde. "Nous confrontons déjà ceux qui sont entre nos mains dans leurs déclarations", a-t-il dit. Le magistrat a confirmé qu'il avait été fait appel pour l'enquête à diverses expertises, en "police scientifique, cybercriminalité, télécommunication cellulaire, médecine légale", qui livrent peu à peu leurs résultats. Le gouvernement avait indiqué vendredi être ouvert à toute expertise extérieure, notamment belge et sud-africaine. M. Mvonde a confirmé être "en contact" avec les experts "qui doivent venir de la Belgique, avec ceux de la Monusco" (la mission de l'ONU en République démocratique du Congo) et, a-t-il poursuivi, "il y a aussi ceux de l'Afrique du Sud et de la France qui sont attendus". L'autopsie n'a pas encore été pratiquée, a-t-il souligné, précisant que les médecins légistes congolais et étrangers devaient travailler ensemble pour des "résultats consolidés". La cause de la mort n'est donc pas encore formellement établie. - "Crime d'Etat" - Jusque-là, d'autres expertises ont montré que la balle qui a "traversé la tête" de M. Okende avait bien été tirée par l'arme retrouvée dans sa voiture. "Cette arme appartient au suspect", a dit le procureur général. Député et cadre d'Ensemble pour la République, parti du candidat à la présidentielle Moïse Katumbi, Chérubin Okende, 61 ans, a été retrouvé mort dans sa voiture sur une grande avenue de Kinshasa. Mercredi, des personnalités politiques et des diplomates ont pris part à une messe en sa mémoire à la cathédrale Notre-Dame du Congo, dite par le cardinal Fridolin Ambongo, qui a appelé à une "enquête juste, objective et impartiale". "Aucune nation ne peut se construire sur le meurtre, sur l'assassinat, sur le mépris" de la vie humaine, a dit l'archevêque de Kinshasa dans son homélie, ajoutant qu'"un pays où le droit de l'homme ne compte pas est un pays qui va tout droit à sa ruine". Ensemble pour la République réclame une enquête "indépendante" pour élucider ce "crime d'Etat", a déclaré à l'AFP en marge de la cérémonie religieuse Solange Mafuta, vice-présidente de la Ligue des femmes de ce parti politique. "Nous réclamons que justice soit faite" pour Chérubin Okende, qui était "un homme juste, bon, intègre", a-t-elle insisté. M. Okende avait démissionné de son poste de ministre des Transports en décembre, alors que M. Katumbi venait d'annoncer sa candidature à la présidentielle et le retrait de son parti de la coalition au pouvoir. Les élections sont prévues le 20 décembre. Félix Tshisekedi, président depuis janvier 2019, est candidat à sa réélection. Les candidats de l'opposition considèrent que les instances électorales sont à la solde du pouvoir et préparent des élections frauduleuses. L'assassinat de M. Okende a ajouté à la tension politique déjà vive dans le pays.
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