La coalition Azimio a appelé à trois jours de mobilisation anti-gouvernementales de mercredi à vendredi, dans le cadre d'un mouvement de contestation lancé en mars parfois marqué par du vandalisme, des pillages et des violences qui ont fait au moins une vingtaine de morts. Locomotive économique d'Afrique de l'Est, le Kenya a tourné au ralenti mercredi pour la première de ces journées d'action, par crainte de nouveaux débordements. Des échauffourées ont eu lieu entre groupes de manifestants et forces de l'ordre en divers points du pays, et deux personnes ont été tuées à Kisumu (ouest) selon un responsable hospitalier. Jeudi matin, l'activité a quelque peu repris dans le centre d'affaires de Nairobi, qui n'a toutefois pas retrouvé sa frénésie habituelle, ont constaté des journalistes de l'AFP. "La vie reprend son cours, je vois que certains magasins sont ouverts. Il faut que ça s'arrête car c'est très mauvais pour l'économie", a expliqué Godfrey Mononyi, un urbaniste de 45 ans, retourné au travail après être resté chez lui la veille. "Aujourd'hui, c'est presque normal, pas encore normal, mais on s'en approche", souligne Charles Muru, 51 ans, qui a rouvert son kiosque de vente de livres et journaux. Mais "les manifestations doivent cesser" car elles paralysent le pays et "font mal", estime-t-il. Les écoles publiques, fermées mercredi dans les trois principales villes du pays (Nairobi, Mombasa, Kisumu) sur ordre du gouvernement, ont rouvert. Mercredi, des échauffourées ont notamment eu lieu dans le bidonville de Kibera à Nairobi, dans les villes de Nakuru et Mombasa, ainsi que dans les bastions pro-Odinga de Kisumu, Homa Bay, Kisii et Migori, dans l'ouest du pays. Deux personnes ont été tuées par balles à Kisumu, selon le directeur d'un hôpital de la ville. Plus de 300 personnes ont également été arrêtées à travers le pays, a indiqué le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki. Elu en août 2022 en promettant de soutenir les plus défavorisés, le président William Ruto fait face à une contestation croissante, notamment depuis la promulgation début juillet d'une loi instaurant de nouvelles taxes qui viennent ajouter aux difficultés quotidiennes des Kényans. Le gouvernement a été critiqué pour la répression brutale menée par la police, avec notamment des tirs à balles réelles. Treize pays occidentaux, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont exprimé mardi dans une déclaration commune leur inquiétude face aux "niveaux élevés de violence" lors des dernières manifestations, exhortant les différentes parties à "résoudre pacifiquement leurs différends".
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