Libye: des experts de l'ONU condamnent la discrimination envers les femmes qui voyagent

Le gouvernement reconnu par l'ONU, basé à Tripoli et qui contrôle l'ouest de la Libye, a édicté au mois d'avril une nouvelle règle qui oblige les femmes et les filles à avoir un accompagnateur mâle, appelé "mahram", pour pouvoir voyager, ainsi qu'à remplir un formulaire détaillé précisant les raisons de leur déplacement. Celles qui refusent se verraient refuser de sortir du territoire, ont dénoncé dans un communiqué neuf experts indépendants de l'ONU, dont des membres du groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles et la rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles. "Non seulement cette politique est discriminatoire, mais elle restreint la liberté de mouvement des femmes et des filles, y compris celle des étudiantes qui quittent le pays pour aller étudier à l'étranger", ont-ils souligné. "Nous sommes particulièrement préoccupés de l'impact négatif de cette procédure discriminatoire sur les droits fondamentaux et les libertés des femmes et des filles". Ces experts, qui sont nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais ne s'expriment pas au nom de l'organisation internationale, se sont aussi ému d'informations selon lesquelles l'Agence de sécurité intérieure libyenne (ISA) intimide les défenseurs des droits de l'homme qui ont critiqué cette mesure. Ils ont exhorté le gouvernement de Tripoli à "retirer la démarche discriminatoire" et à "empêcher toute intimidation, harcèlement ou attaque" contre ceux qui s'y sont opposés. Le pays d'Afrique du Nord est en proie au chaos et à la guerre civile depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le gouvernement de Tripoli se dispute le pouvoir depuis plus d'un an avec celui dirigé par le maréchal Khalifa Haftar, installé dans l'est du pays.