Le corps de Jeannah Danys Dinabongho Ibouanga, dite "Dina", 17 ans, avait été retrouvé le 26 mars dans une rivière à proximité de l'université de Karabük où elle étudiait le génie mécanique. Organisées en collectif, les "Féministes pour Dina", les militantes, qui tenaient une conférence de presse à Istanbul, estiment que Dina a été victime du "racisme qui fait de tous les réfugiés et immigrés des cibles" et rejettent le qualificatif de "mort suspecte" retenu par les autorités. "Nous réclamons une enquête transparente et appelons les ONG à conduire leurs propres investigations sur le terrain à Karabük", a déclaré à l'AFP Gülyeter Aktepe, membre du collectif dont plusieurs membres ont déjà fait le déplacement début juin avec un avocat. "Nous avons rencontré le procureur (...) mais nous n'avons pas pu avoir accès aux témoignages recueillis ni au rapport d'autopsie", a-t-elle regretté, dénonçant la "confidentialité" qui entoure le dossier. Or, a poursuivi Mme Aktepe, "nous savons que Dina était harcelée au téléphone, qu'elle a appelé sa mère pour se plaindre du racisme dont elle était l'objet et lui a dit qu'elle voulait quitter Karabük au plus vite avant d'être tuée". Pour la mère de Dina, Jessica Sandra Makemba Panga, qui s'exprimait vendredi en visioconférence depuis le Gabon, "le gouvernement turc sait que l'enfant a été assassinée: je ne sais pas pourquoi ça traîne". "La Turquie doit prendre ses responsabilités: c'est un grand pays, capable de découvrir la vérité mais ils ne veulent pas le faire", a-t-elle accusé. "Dina a été assassinée, ils doivent trouver le coupable", a-t-elle répété, soulignant que "Dina était (sa) seule fille: je l'avais envoyée pour ses études" en Turquie. Le décès de Dina avait été dans un premier temps attribué à "une mort naturelle" par "noyade", malgré la présence de petites ecchymoses au niveau du cou et des reins. Un homme soupçonné du meurtre, placé en détention et plusieurs fois remis en liberté avant d'être incarcéré, clame son innocence, assurant n'avoir que transporté la jeune Gabonaise dans son véhicule peu avant sa mort. "Cette personne n'est pas le seul suspect", affirme Gülyeter Aktepe. "Il y a beaucoup de suspects dans cette affaire, si on veut mettre à jour leur connexion avec le suspect il est crucial d'entendre les autres étudiants, surtout les filles". La mort de Dina a suscité une vive émotion sur le campus de Karabük. La Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdogan déploie une activité diplomatique intense en Afrique, accueillait cette année 61.000 étudiants africains dans ses universités, selon le gouvernement turc.
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