Cet "enterrement de masse" a été confirmé par les autorités après la fuite sur les réseaux sociaux d'un document émanant du ministère de la Santé, qui a ravivé la douloureuse question du bilan de la répression de ces manifestations. L'ONG Amnesty International au Nigeria a exigé lundi des autorités qu'elles "renoncent à leur projet d'enterrement collectif", et qu'à la place des "autopsies transparentes" soit menées afin que les identités des 103 victimes soient publiées et les circonstances de leur mort révélées. "Il est consternant que le gouvernement de l'État de Lagos n'ait même pas mentionné qu'il détenait les corps de 103 victimes de #EndSARS depuis octobre 2020", a déclaré le directeur de l'ONG Isa Sanusi. Des manifestations contre le pouvoir ont eu lieu en octobre 2020 dans les grandes villes du Nigeria pour dénoncer les brutalités policières, un mouvement baptisé #EndSARS ("en finir avec la SARS"), du nom d'une unité spéciale de la police accusée depuis des années de racket, de torture et de meurtre. Ce mouvement a pris fin quand l'armée et la police ont ouvert le feu le 20 octobre 2020 au péage de Lekki à Lagos, lieu de rassemblement emblématique des contestataires qui agitaient des drapeaux, en chantant l'hymne national. Plusieurs témoins avaient alors affirmé que les forces de sécurité avaient tué des manifestants et emporté les corps dans des pick-ups. Selon les conclusions d'un panel d'enquête, cette répression s'est apparentée à un "massacre" tandis que les autorités continuent d'affirmer qu'il n'y a pas eu de victimes. Selon les autorités locales, les 103 corps qui doivent être enterrés n'ont pas été ramassés au péage de Lekki, mais dans d'autres partie de Lagos. "Pour mémoire, l'unité de santé environnementale de l'État de Lagos (SEHMU) a ramassé des corps à la suite des violences #EndSARS et des affrontements communautaires à Fagba, Ketu, Ikorodu, Orile, Ajegunle, Abule-Egba, Ikeja, Ojota, Ekoro, Ogba, Isolo et Ajah dans les régions de l'État de Lagos", selon le communiqué des autorités. "Il y a également eu une évasion à la prison d'Ikoyi. Les 103 victimes mentionnées dans le document proviennent de ces incidents et NON du péage de Lekki", est-il ajouté. Ces déclarations des autorités sont toutefois les premières à reconnaitre un bilan aussi lourd après ces manifestations qui avaient ensuite dégénérées en émeutes. Le démenti répété de la mort de personnes au péage de Lekki le 20 octobre 2020 suscite l'indignation de nombreux jeunes nigérians qui ont participé à ces manifestations, ou les ont soutenues, et qui continuent de réclamer justice. "Ils nous ont demandé, +où sont les corps?+, pourtant les corps étaient avec eux depuis le début", a réagi dimanche soir sur Twitter Rinu Oduala, une des figures de la contestation.
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