Quatre-vingt mille spectateurs, capacité maximale du stade, sont venus voir défiler les 3.000 jeunes sportifs et artistes d'une trentaine de pays engagés dans les compétitions et concours prévus pendant dix jours à Kinshasa, plus grande ville francophone du monde avec environ quinze millions d'habitants.
Avec des mesures de sécurité renforcées mais dans une ambiance très festive, la cérémonie a débuté à 18H00 (17H00 GMT), pile à l'heure, fait inhabituel dans la capitale de la République démocratique du Congo.
Dans le public, Bonheur, 24 ans, étudiant en communication audiovisuelle, trouve qu'organiser les jeux à Kinshasa est "une très bonne idée"."Cela permet au pays de se développer", dit-il à l'AFP."Si on est focus que sur les problèmes, on n'avance pas", appuie son collègue Epaphrodit, 24 ans.
Après la parade des délégations et les discours, il est prévu un spectacle son et lumière gratuit, "qui va présenter le Congo qui change", déclarait en début de semaine le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Attribués en 2019 à la RDC, ces jeux auraient dû avoir lieu en 2021, quatre ans après ceux d'Abidjan.Mais ils ont été reportés à cause de la pandémie de Covid-19, puis de nouveau en 2022 parce que les équipements nécessaires n'étaient pas prêts.
Car pour accueillir les sportifs, le pays, riche en minerais mais pauvre en niveau de vie et en infrastructures, a dû dépenser des dizaines de millions de dollars pour réhabiliter ou construire de nouvelles installations.
Ces dépenses se sont ajoutées à l'effort de guerre contre les groupes armés et rébellions dans l'est du pays, notamment contre le "M23" qui, soutenu par le Rwanda, occupe une partie de la province du Nord-Kivu.
La crise rwando-congolaise engendrée par ce conflit s'est d'ailleurs invitée aux jeux de Kinshasa, avec une polémique autour de la présence à la cérémonie d'ouverture de la Secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères.
Lundi, le gouvernement congolais l'avait annoncée présente.Mais sa porte-parole indiquait le lendemain qu'elle ne viendrait pas parce qu'elle n'avait pas été invitée.Elle est remplacée par l'administratrice de l'OIF, Caroline St-Hilaire.
- Craintes pour la sécurité -
En plus des dépenses engagées pour le renforcement de son armée, l'Etat congolais doit aussi assurer cette année le financement des élections prévues en décembre, dans un climat tendu et alourdi par l'assassinat d'un opposant, le 13 juillet.
Le gouvernement présente le coût des jeux comme un investissement pour l'avenir du pays et de sa jeunesse, qui pourra profiter de gymnases tout neufs ou de chambres réhabilitées sur le campus de l'université de Kinshasa.
Même chose pour les ambulances qui iront ensuite à des structures de santé, pour le matériel de la télévision nationale ou pour la formation dont ont bénéficié des policiers pour la gestion des foules.
Les craintes pour la sécurité des délégations ont conduit certains pays, comme le Québec, à réduire leur participation ou carrément renoncer à venir.
Les organisateurs ont très mal accueilli ces décisions et affirment que toutes les mesures nécessaires sont prises. Quelque 4.500 policiers et des éléments de la garde républicaine sont déployés, assurent-ils, et une entreprise privée est chargée de la sécurité des aires de jeux.
Quelques militants de mouvements citoyens avaient prévu de manifester vendredi matin contre les jeux, mais un gros dispositif policier les en a dissuadés.
Jusqu'au 6 août, les jeux de la Francophonie vont donner lieu à neuf compétitions sportives et onze concours culturels.
Les sports sont le foot masculin (moins de 20 ans), le basket féminin (18-25 ans), l'athlétisme et le para athlétisme, le cyclisme sur route, les luttes libre et africaine, le judo et le tennis de table.Le programme culturel comprend peinture, sculpture et photographie, chanson, danse, création numérique, littérature, contes, jonglerie avec ballon, marionnettes géantes et hip hop.
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