"Déterminés à résoudre nos différends à l'amiable dans l'intérêt de tout notre peuple, nous nous sommes donc mis d'accord avec Kenya Kwanza pour créer un comité", indique le communiqué de l'opposition, faisant référence à l'alliance du parti au pouvoir. Depuis que le chef de l'opposition Raila Odinga a exhorté les Kényans à descendre dans la rue en mars, son alliance Azimio a organisé neuf jours de manifestations, parfois violentes, contre le gouvernement du président William Ruto. Odinga, qui clame que l'élection présidentielle de l'année dernière lui a été "volée", a accusé le gouvernement d'avoir ouvert une crise provoquée par le coût de la vie et la brutalité policière après la mort d'au moins 20 personnes lors des manifestations. Les violences dans l'une des démocraties les plus stables d'Afrique de l'Est ont incité les deux parties à négocier, mais Odinga avait récemment exclu des pourparlers sans la présence d'un médiateur. La coalition d'opposition Azimio a déclaré que grâce à la "facilitation" de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, ils avaient convenu avec le gouvernement de former un comité de 10 membres, avec une représentation égale, pour discuter de l'impasse. Aucun autre détail sur le calendrier du comité ou bien les questions qui seront abordées n'a été communiqué. Les deux camps ont déjà tenté d'organiser des "discussions bi-partisanes" après les premières manifestations organisées par l'opposition, qui accuse le gouvernement d'aggraver avec sa politique les difficultés économiques des Kényans. Mais elles ne s'étaient jamais concrétisées, entraînant la reprise début juillet de cette mobilisation qui a été émaillée de pillages, actes de vandalisme et d'affrontements ayant fait plusieurs dizaines de morts. Selon la coalition Azimio, au moins 50 personnes ont été tuées depuis mars - une vingtaine, selon les chiffres officiels - durant ses neuf premières journées d'action. Locomotive économique d'Afrique de l'Est, le Kenya a vu son activité paralysée lors des journées de manifestations, par crainte d'incidents et de violences. L'ONU, des puissances occidentales ainsi que le clergé et les principaux journaux kényans ont multiplié récemment les appels au dialogue. Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé la répression au cours des manifestations menée par les forces de l'ordre, qui ont parfois tiré à balles réelles. Une coalition de 29 ONG, dont Amnesty International, a affirmé avoir documenté 27 "exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires" lors des manifestations en juillet. Le ministère de l'Intérieur a déclaré que les allégations "d'exécutions extrajudiciaires et/ou de recours excessif à la force (...) sont malveillantes, fausses et destinées à tromper l'opinion publique". Elu en août 2022 face à Raila Odinga qui ne reconnaît pas les résultats du scrutin, William Ruto fait face à une contestation croissante. L'ancien vice-président (2013-2022), qui avait promis de soutenir les plus défavorisés, est accusé de réduire le pouvoir d'achat des Kényans, déjà grevé par une inflation continue (+8% sur un an en juin), avec la loi de finances créant de nouvelles taxes qu'il a promulguée en juillet. Estimant que "les manifestations et la contestation ne sont pas une solution", William Ruto avait dénoncé un "sabotage économique" mené par l'opposition.
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