Vendredi, Amsétou Nikièma, connue sous le nom d'Adja, a été arrêtée avec une dizaine d'autres personnes après la diffusion la veille sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un quinquagénaire torturé par des individus se réclamant de cette guérisseuse qui officie à Komsilga, près de Ouagadougou. Déférées devant un tribunal de la capitale, elles ont été inculpées pour "séquestration, coups et blessures et complicité". "Alors que les prévenus attendaient leur transfèrement à leur lieu de détention", le tribunal a été encerclé par des militaires en armes, "venus exiger" qu'on leur remette Adja, ce qui a été fait, selon un communiqué le procureur général du Faso, Laurent Poda. Ces faits "constituent une entrave grave à l'action judiciaire", a-t-il déploré, élevant "une protestation ferme et solennelle contre ces pratiques qui mettent en péril la paix sociale et compromettent l'élan de sympathie (...) dont notre armée nationale bénéficie". Le gouvernement a assuré "que toutes les dispositions sont prises pour réserver le meilleur traitement à ce dossier dans le strict respect des principes de l'État de droit, de tolérance zéro à l'impunité, de préservation de la paix sociale et de la sécurité". "Cette réaction de ce groupuscule de soldats est tout aussi gravissime qu'inattendue dans un contexte où la bravoure" de l'armée et de ses supplétifs "se fait attendre sur le théâtre opérationnel de la lutte contre le terrorisme en vue du rétablissement de la paix", a de son côté dénoncé l'intersyndicale des magistrats du Burkina Faso, en proie à la violence jihadiste depuis 2015. Interpellant le président de transition issu d'un putsch il y a dix mois, le capitaine Ibrahim Traoré, sur sa responsabilité en tant que garant de l'indépendance de la justice, l'intersyndicale a appelé "l'ensemble des magistrats du Burkina Faso à la suspension de toutes les activités en juridiction" jusqu'à l'emprisonnement de la guérisseuse. Condamnant cette "entrave inadmissible à l'indépendance de la justice", l'Union des jeunes avocats du Burkina-Faso a également dénoncé "une violation grave des principes élémentaires de l'État de droit et une intrusion de l'exécutif dans le fonctionnement de l'autorité judiciaire". Apportant son soutien à l'ensemble des acteurs de la justice, le Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP) a également condamné "l'intrusion planifiée, organisée et violente d'éléments" de l'armée "dans les sphères de compétences et d'actions du pouvoir judiciaire". Adja attire des milliers d'adeptes pour des séances de guérison de victimes "de mauvais génies" et sa réputation n'a cessé de croître, trois ans seulement après sa première séance.
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