Trois avions, dont deux Airbus A330 d'une capacité de plus de 200 passagers chacun, ont quitté le sud de la France à destination de l'aérodrome civil de Niamey, a indiqué dans l'après-midi à la presse l'état-major des armées françaises.
C'est la première fois qu'une telle évacuation massive de Français a lieu dans le Sahel où d'autres coups d'Etat ont eu lieu au Mali et au Burkina Faso depuis 2020.
L'évacuation concerne les civils français et européens volontaires pour partir, et vise à garantir leur sécurité après le coup d'Etat de la semaine dernière, a précisé l'état-major français, en évoquant des retours en France "tard dans la nuit", sans plus de précisions sur les horaires et les aéroports d'arrivée.
Quelque 600 Français se trouvent actuellement au Niger, selon le ministère français des Affaires étrangères.Paris n'était pas en mesure mardi de dire combien ont fait le choix de partir.
L'évacuation des militaires français postés au Niger n'est en revanche "pas à l'ordre du jour", a ajouté l'état-major français.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé dans la journée "à tous ses ressortissants à Niamey" - moins de 100 personnes qui ne travaillent ni pour l'ambassade ni pour l'armée - d'accepter l'offre de la France.
L'Italie a elle annoncé se tenir prête à évacuer par un avion spécialement affrété ses ressortissants de Niamey, soit quelque 90 personnes sur un total d'un peu moins de 500 Italiens au Niger, dont la plupart sont des militaires.
Les Etats-Unis n'ont pris aucune décision d'évacuation pour le moment, a indiqué mardi la Maison Blanche."Nous n'avons aucune indication de menaces directes visant des citoyens américains ou nos installations" au Niger, a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby.
- "Pas besoin d'eux"-
A la mi-journée à l'aéroport de Niamey, une centaine de Français attendaient d'être évacués, en présence de militaires nigériens et français, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'opération se fera en "coordination avec les forces nigériennes", a précisé l'ambassade de France à Niamey en annonçant cette évacuation.
Paris justifie cette décision par les "violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier" lors d'une manifestation hostile à la France, et par "la fermeture de l'espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens".
A Niamey, après de fortes pluies dans la matinée, les activités on repris et peu de véhicules des forces de sécurité étaient visibles, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Plusieurs Français ont indiqué à l'AFP qu'ils ne souhaitaient pas quitter pour le moment le Niger.
"On n'a pas de problèmes avec les Français", ni avec "les ressortissants européens, on a des problèmes avec les gouvernements européens", assure de son côté Hamidou Ali, un Nigérien de 58 ans.Un étudiant, Mahamadou Issoufou Idi, juge lui que "les Français n'ont qu'à partir, on n'a pas besoin d'eux".
Almoctar Boukari, un autre habitant de Niamey, abondait, estimant que "c'est la France qui est (...) à la base de notre souffrance"."Le peuple nigérien a pris conscience par rapport à ses voisins, on a vu l'exemple du Mali et du Burkina, donc nous aussi on va emboîter le pas comme eux, la France n'a qu'à quitter", a-t-il ajouté.
La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l'ont renversé, dirigés par le général Abdourahamane Tiani.
- "Déclaration de guerre" -
Ils ont accusée lundi la France de vouloir "intervenir militairement", ce que Paris a démenti fermement.
Le président français Emmanuel Macron avait menacé dimanche de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger.
Lundi soir, le Burkina Faso et le Mali, voisins su Niger, ont affiché leur solidarité avec les putschistes en affirmant que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée "comme une déclaration de guerre" à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), "ainsi que l'adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger".
Ils ont ajouté, dans un communiqué commun, qu'ils "refusent d'appliquer" les "sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes" décidées dimanche par la Cédéao à Abuja.
Les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ont fixé un ultimatum d'une semaine à la junte militaire au Niger pour un "retour complet à l'ordre constitutionnel", affirmant ne pas exclure un "recours à la force" si ce n'était pas le cas.
Ils ont également décidé de "suspendre toutes les transactions commerciales et financières" entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d'Etat.
Le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, est l'un des pays les plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.La Commission européenne a estimé mardi qu'il n'y avait "pas de risque" pour l'approvisionnement en uranium de l'UE après le putsch au Niger, pays représentant un quart des approvisionnements des Européens, et ce en raison des stocks déjà constitués
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