Soudan: Barack Obama face à une paix insaisissable

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WASHINGTON (AFP)

La flambée de violence au Soudan remet en cause, à quelques encablures de l'indépendance du Sud, des années d'efforts américains pour mettre fin à la guerre civile dans ce pays.

Mercredi, après dix jours d'affrontements, le président Barack Obama est intervenu pour appeler Nord et Sud à cesser les hostilités, à trois semaines de l'indépendance programmée du Sud du pays.

"Il n'y a pas de solution militaire" a-t-il déclaré dans un message solennel enregistré pour Voice of America, la radio publique américaine à destination de l'étranger.

"Les dirigeants du Soudan et du Sud-Soudan doivent être à la hauteur de leurs responsabilités.Le gouvernement du Soudan doit empêcher toute nouvelle escalade de ce conflit en cessant immédiatement ses actions militaires, y compris les bombardements aériens, les déplacements forcés (de population) et les mesures d'intimidation", a-t-il déclaré.

Le département d'Etat avait menacé la veille Khartoum, la capitale du Nord, d'interrompre le processus de "normalisation" si la violence se poursuivait au Kordofan-Sud, province où sont aux prises l'armée du Nord, aidée par des milices, et les forces sudistes.

Les Etats-Unis de George W. Bush avaient été parmi les principaux artisans de l'accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à deux décennies d'un conflit meurtrier. 

Barack Obama a repris le flambeau, s'invitant à l'ONU en septembre dernier pour une conférence sur le sujet.Sa présence avait drainé celle d'autres chefs d'Etat, élevant de facto l'événement au rang d'un mini-sommet. Aux termes du CPA, Washington a promis de réexaminer le placement du Soudan sur la liste des Etats soutenant le terrorisme.

Les Etats-Unis travaillent aussi sur la dette internationale du pays et envisagent de nommer un ambassadeur à Khartoum après la partition du pays le 9 juillet.Un chargé d'affaires - diplomate de moindre rang qu'un ambassadeur - représente pour l'heure l'administration américaine au Soudan.

L'effet de cette politique de la carotte et du bâton est "limité", observait il y a quelques mois l'analyste Marina Ottaway (institut Carnegie), à cause de l'inculpation du président soudanais Omar el-Béchir devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour (ouest du Soudan).

L'ancien ambassadeur américain John Campbell (institut CFR) observe aussi que Béchir fait face à des critiques à Khartoum pour sa faiblesse supposée envers le Sud. "Les Etats-Unis peuvent appeler franchement et sans détour à la fin des hostilités", dit M. Campbell à l'AFP.Il n'en reste pas moins que "le CPA prévoyait que bien des contentieux seraient réglés avant le vote du référendum en janvier, et que cela n'a pas été le cas".

Des sujets aussi lourds que le tracé des frontières, le statut de la province d'Abyei et le partage de l'argent du pétrole restent en suspens. Dans ces circonstances", poursuit-il, "l'influence des Etats-Unis est assez limitée".

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est prononcée lundi pour le déploiement de Casques bleus éthiopiens dans la région disputée d'Abyei, si le Nord et le Sud Soudan en faisaient la demande.

Plus directement, les Etats-Unis pourraient favoriser l'établissement d'un processus de dialogue régulier entre le président du Nord et Salva Kiir, celui du Sud.

"Des acteurs extérieurs pourraient y aider", admet John Campbell.Mais le devenir du Soudan, ajoute-t-il aussitôt, est "une responsabilité internationale, pas seulement celle des Etats-Unis".

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