La compagnie nationale avait arrêté depuis la semaine dernière ses liaisons vers les trois autres aéroports régionaux de Gondar, Lalibela et Dessie. "Ethiopian Airlines souhaite informer ses clients que les vols prévus mercredi, jeudi et vendredi vers Dessie, Gondar, Lalibela et Bahir Dar sont annulés", a annoncé dans un communiqué Ethiopian Airlines, seule compagnie à assurer les liaisons intérieures. Le gouvernement fédéral a décrété vendredi l'état d'urgence en Amhara, deuxième région la plus peuplée d'Ethiopie et en proie à des combats meurtriers, seulement neuf mois après la fin d'un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré. Les forces amhara, dont la milice nationaliste Fano, ont été des alliés capitaux du gouvernement durant cette guerre entre novembre 2020 et novembre 2022. Mais des tensions ont émergé depuis avril après que le Premier ministre Abiy Ahmed a annoncé vouloir démanteler les "forces spéciales", des unités paramilitaires créées par de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d'années. Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région. Les affrontements entre l'armée et des combattants Fano se sont intensifiés, conduisant plusieurs pays étrangers à recommander d'éviter la région la semaine dernière. - Touristes bloqués - A Bahir Dar, des combats ont lieu lundi soir et mardi matin autour de l'aéroport, selon un habitant s'exprimant sous son prénom, Tesfahun. A Gondar, un habitant a fait état à l'AFP de "violents combats dans l'après-midi" de mardi. "Les combats semblent s'intensifier alors que de plus en plus de milices Fano se mobilisent dans les villes voisines", a déclaré ce chauffeur de tuktuk, prénommé Simachew. Les combats dans l'ouest de l'Amhara ont bloqué depuis mercredi un groupe de 18 touristes et leur guide espagnols dans le village d'Addis Zemen. Alors qu'ils voulaient rejoindre Bahir Dar depuis Gondar, "quelqu'un a dit à notre chauffeur de s'arrêter", a raconté à l'AFP une touriste, Inma De Blas, contactée par téléphone par l'AFP. "Soudain, nous avons entendu beaucoup de coups de feu, nous avons vu des gens mettre de grosses pierres et du bois sur la route pour la bloquer. (...) Quand ça s'est terminé, quelqu'un nous a emmenés dans un hôtel sommaire, où nous sommes maintenant", a-t-elle expliqué. Malgré des contacts réguliers avec leur ambassade, "on ne peut pas aller à Bahir Dar, on ne peut pas aller à Gondar, on ne peut aller nulle part", a résumé leur guide. A Lalibela, site touristique classé au patrimoine mondial de l'Unesco controlé par les combattants Fano, l'armée se rapprochait de la ville, ont indiqué à l'AFP deux habitants en fin de journée. "Les troupes ENDF (l'armée) tirent sur la ville et nous restons à l'intérieur", a déclaré l'un deux, prénommé, Ayalew. "Les choses deviennent un peu plus effrayantes, personne n'est dehors", a confirmé un autre, Aneley, affirmant n'avoir "pas vu les miliciens Fano dans la ville cet après-midi". Les Etats-Unis se sont dits "préoccupés" par ces violences dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique. L'Organisation mondiale de la santé a appelé à maintenir un "accès ininterrompu et à la protection du système de santé en Amhara", pour qu'elle et ses partenaires "puissent continuer d'y travailler".
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