Un an jour pour jour après l'élection présidentielle, qui a vu le vice-président William Ruto l'emporter devant le vétéran de l'opposition Raila Odinga, les camps des deux rivaux ont entamé vers 13H00 locales (10H00 GMT) une première séance de négociations, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous attendions ce jour avec impatience et espérons vivement que ces pourparlers débloqueront l'impasse", a déclaré à l'AFP Eugene Wamalwa, membre de la délégation de l'opposition.
Une précédente tentative de dialogue en mai-juin avait fait long feu, entraînant une reprise des manifestations début juillet.
La coalition d'opposition Azimio mène depuis mars un mouvement de contestation contre le gouvernement, l'accusant d'aggraver les difficultés des Kényans qui combattent une inflation persistante - redescendue à +7,3% sur un an en juillet.
Raila Odinga, battu pour la cinquième fois en août dernier dans sa quête de la magistrature suprême, demande également un audit des résultats de la présidentielle, la plus serrée de l'histoire du Kenya (50,49% contre 48,85%).
Depuis mars, l'opposition a organisé dix journées de manifestations, dont certaines ont été marquées par des pillages et des affrontements avec la police.Les dernières, en juillet, ont peu mobilisé.
Au moins 20 personnes ont été tuées durant ces rassemblements, selon les autorités.Des chiffres largement sous-estimés, selon les organisations de défense des droits humains et l'opposition, qui affirment qu'au moins une cinquantaine de personnes ont été tuées par une brutale répression policière.
Les appels au dialogue se sont multipliés dans le pays, de la part du clergé et des principaux médias kényans, et dans la communauté internationale, ONU en tête.
- Contours flous -
Aucun calendrier n'a toutefois été fixé pour ces discussions, dont le contenu même est source de différends.
Azimio, qui se dit prête au dialogue car le Kenya "mérite la paix et non la paralysie", veut débattre de la hausse du coût de la vie ainsi que de réformes électorales.
Le chef de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, Kimani Ichung'wah, a exclu lundi toute discussion sur la situation économique."Nous les écouterons sur tout sauf sur le coût de la vie.Le président y travaille déjà", a déclaré M. Ichung'wah, qui mène la délégation gouvernementale.
Raila Odinga s'est dit prêt ce week-end à redescendre dans la rue si les demandes de l'opposition n'étaient pas satisfaites."S'il n'y a pas d'accord après 30 jours, les Kényans adopteront une ligne de conduite différente", a-t-il déclaré.
Le vétéran de l'opposition, âgé de 78 ans, a également balayé les rumeurs affirmant qu'il cherche un accord de partage du pouvoir, hypothèse catégoriquement exclue par le gouvernement.
Après les manifestations meurtrières qui avaient suivi sa défaite à la présidentielle de 2017, Raila Odinga avait conclu une trêve avec le président réélu Uhuru Kenyatta, qui l'avait rapproché du pouvoir en place...au détriment du vice-président William Ruto.
- Taxes -
Un an après son élection, William Ruto fait face à un mécontentement croissant, accusé de renier ses promesses de campagne promettant d'aider les plus défavorisés.
Après avoir supprimé des subventions sur les carburants et les produits alimentaires, il a promulgué fin juin une loi de finances pour 2023-204 qui augmente certaines taxes - comme un doublement de la TVA sur les carburants - et en crée d'autres - notamment un impopulaire prélèvement de 1,5% sur les salaires pour financer un programme de logement à bas prix.
Selon M. Ruto, cette politique est nécessaire pour rendre des marges de manoeuvre au pays.
Locomotive économique d'Afrique de l'Est d'environ 54 millions d'habitants, le Kenya est confronté à une d'importants défis économiques.
A l'inflation s'ajoute une dette publique de 65 milliards d'euros, soit environ 67% du PIB, dont le remboursement devient de plus en plus coûteux avec la dépréciation continue du shilling, la monnaie locale.
La croissance a plafonné à 4,8% en 2022, bien loin des 7,6% atteints en 2021.
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