Lundi, le président de l'Autorité nationale des élections (ANE) a annoncé la victoire par référendum d'un projet de nouvelle Constitution donnant la possibilité au président Touadéra de briguer un troisième mandat. Interrogé sur ses intentions, M. Touadéra, 66 ans, a répondu: "Cette question ne me gêne pas mais je trouve que c'est trop tôt". "Je suis à mi-mandat donc je ne réfléchis pas au prochain mandat (...) Il y a encore du travail et beaucoup de défis pour le peuple centrafricain auxquels je dois apporter des réponses", a-t-il déclaré. Depuis le début de la campagne référendaire, l'opposition accuse M. Touadéra de perpétrer "un coup d'État constitutionnel" et de vouloir rester "président à vie" d'un des pays les plus pauvres au monde, le tout sous la protection des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner, déployés en Centrafrique depuis 2018. "Un référendum, je crois que c'est le meilleur moyen d'expression de la démocratie", a-t-il rétorqué. "La population s'est déplacée massivement aux urnes (...) c'est du mépris pour le peuple centrafricain quand ils disent ça", estime-t-il. Le 22 septembre 2022, M. Touadéra avait essuyé un revers juridique quand la Cour constitutionnelle avait annulé un décret créant un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution. La cour avait notamment invoqué le fait que le Sénat, chambre haute du Parlement prévue dans la précédente Constitution, n'avait toujours pas été mis en place. Le pouvoir a mis à la retraite d'office en janvier 2023 la présidente de la Cour constitutionnelle, Danièle Darlan, principale artisane de l'invalidation, tandis que le Mouvement coeurs unis (MCU) de M. Touadéra, archi-majoritaire à l'Assemblée nationale avec l'appoint de partis satellites, occupait l'espace en multipliant les manifestations pour fustiger la juridiction suprême et réclamer une nouvelle Constitution par voie référendaire. Des responsables gouvernementaux centrafricains ont menacé et harcelé des adversaires du référendum, d'après l'ONG Human Rights Watch (HRW), et les autorités ont interdit une manifestation de l'opposition dans la capitale. Selon Human Rights Watch, des responsables de l'ambassade de Russie en Centrafrique avaient rendu visite à l'ancienne présidente de la Cour constitutionnelle pour demander des conseils sur la manière de modifier la Constitution.
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