Dans ce document de 15 pages adressé au Conseil de sécurité de l'ONU, le secrétaire général Antonio Guterres dresse un bilan désastreux de la situation humanitaire et politique dans le pays et expose dans le même temps un plan de "retrait accéléré et responsable" de la Monusco, après près de 25 ans de présence continue. Son évaluation sur les 12 derniers mois est sans appel: "les tensions régionales se sont encore aggravées", "la situation humanitaire s'est considérablement détériorée", "des centaines de milliers de civils ont été déplacés de force" et "le nombre d'actes de violence sexuelle" contre des enfants "a plus que doublé entre 2021 et 2022". Dans l'est du pays, dans les deux provinces les plus affectées par les violences, "28% de la population du Nord-Kivu et 39% de la population de l'Ituri est déplacée" - soit environ quatre millions de personnes - poursuit le rapport. Au coeur de ces conflits: la résurgence de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) qui "s'est emparé de large pans" de territoire et où les rebelles ont "mis en place des administrations parallèles" et procèdent "à des arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires." Le rapport du secrétaire général ne fait en revanche pas mention de la présence de troupes de l'armée rwandaise aux côtés du M23 sur le sol congolais, contrairement aux derniers rapports du groupe d'experts de l'ONU pour la RDC. Ces rapports ont conduit de nombreux pays, dont ceux de l'Union européenne, à condamner le Rwanda pour son implication dans ce conflit. En 2023, le Rwanda est le troisième pays contributeur de troupes aux missions des Nations Unies. La Monusco "demeure l'une des cibles du mécontentement et de la frustration des populations qui lui reprochent de faire preuve de passivité", précise le Secrétaire général. Terrain de crispation et de discours populistes en RDC, le départ définitif de la mission de l'ONU est au coeur des débats sur l'avenir du pays depuis plusieurs années. Conformément aux souhaits affichés du gouvernement congolais, l'ONU réaffirme dans ce rapport sa volonté d'assurer "un retrait accéléré et responsable de la mission", mais met en garde qu'un départ prématuré "aurait des conséquences pour les civils qui comptent sur la mission pour assurer leur protection". En septembre 2022, en visite à New York pour l'assemblée générale des Nations unies, le président congolais Félix Tshisekedi déclarait dans une interview accordée à France 24 qu'au-delà de l'élection présidentielle de décembre 2023 - où il est candidat à sa propre réélection - "je crois qu'il n'y aura plus de raison que la Monusco reste."
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