L'ancien parlementaire et ambassadeur Willibrod Slaa, l'avocat Boniface Mwabukusi et un militant de Chadema, le principal parti d'opposition, Mdude Nyagali, ont été arrêtés "entre le 12 et le 13 août" et sont détenus depuis dans la capitale économique Dar es Salaam et à Mbeya (sud), a annoncé Amnesty lundi soir dans un communiqué. "La répression des autorités tanzaniennes contre les détracteurs de l'accord portuaire révèle leur intolérance croissante à l'égard de la dissidence", a déclaré le directeur régional d'Amnesty pour l'Afrique de l'Est, Tigere Chagutah. Depuis juin, 24 personnes ont été arrêtées, certaines relâchées, pour avoir critiqué cet accord, selon l'ONG. "Tous ceux qui ont trompé l'opinion sont tous en détention. Je leur ai dit de faire ce qu'ils voulaient mais que je m'occuperai de chacun d'eux", a réagi mardi le commissaire régional de Dar es Salaam, Albert Chalamila. "Dar es Salaam n'est pas un lieu de violence", a ajouté le dirigeant tanzanien. L'une des personnalités arrêtées, M. Mwabukusi, avait notamment menacé d'organiser des manifestations après qu'un recours contre l'accord a été rejeté par un tribunal jeudi dernier. "Nous donnons au gouvernement 14 jours pour modifier l'accord", avait-il lancé. L'accord en question, ratifié en juin par le Parlement, vise selon le gouvernement à améliorer la productivité des 80 ports officiels du pays - dont celui de Dar es Salaam, un des principaux du continent - en cédant la conduite de leurs activités à l'un des principaux opérateurs portuaires mondiaux. Ses détracteurs dénoncent un "abandon de souveraineté aux dirigeants de Dubaï", selon les mots du président du principal parti d'opposition (Chadema), Freeman Mbowe. Selon Amnesty, des responsables policiers ont indiqué aux avocats des trois opposants arrêtés qu'ils seraient accusés de trahison, mais aucune accusation formelle n'a encore été communiquée. Un autre avocat et militant, Rugemeleza Nshala, avait annoncé en juillet avoir été contraint de fuir le pays après avoir fait l'objet d'intimidations et de menaces de mort dans le même dossier. Des militants tanzaniens des droits de l'homme ont à leur tour condamné mardi les arrestations, demandant aux autorités de libérer les détenus. "Nous pensons que les défenseurs des droits humains ont le droit d'exprimer leur opinion sur tout ce qui se passe dans notre pays, y compris (...) l'accord portuaire", ont réagi, dans un communiqué conjoint, la Coalition tanzanienne des défenseurs des droits humains et d'autres groupes. "Ils ne devraient être ni intimidés ni arrêtés pour s'être exprimé librement", ont-ils ajouté. "Le gouvernement (de la présidente) Hassan a fait d'importants progrès en matière de droits, et au lieu de revenir à l'attitude du gouvernement précédent, il devrait endiguer cette vague de répression", avait estimé le 7 août une autre ONG, Human Rights Watch. Arrivée au pouvoir en 2021, Samia Suluhu Hassan a rompu avec la politique autoritaire de son prédécesseur John Magufuli, affichant sa volonté d'assouplissement des libertés politiques mais aussi d'ouverture aux investissements économiques étrangers. En juin, le ministre des Transports, Makame Mbarawa, a déclaré au Parlement que l'investissement de DP World améliorerait les performances des ports tanzaniens, permettant à davantage de navires d'accoster. "Le coût du fret en transit diminuera de près de moitié", a-t-il affirmé.
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