Dans un "bilan provisoire" publié sur Facebook, le Centre de médecine d'urgence qui gère les secours dans l'ouest du pays, a fait état de 27 morts et 106 blessés dans des affrontements entre la "Brigade 444" et la "Force al-Raada", deux importants groupes armés de l'ouest libyen.
Selon la même source, 234 familles ont pu être secourues et extraites de zones de combats au sud de la capitale, ainsi que plusieurs dizaines de médecins ou infirmiers étrangers, bloqués.
Trois hôpitaux de campagne et une soixantaine d'ambulances ont été mobilisés pour secourir les blessés et évacuer les civils vers des zones plus sûres.Les vols ont dû être suspendus à l'aéroport de Mitiga, seul aéroport civil dans la capitale, et les avions évacués provisoirement du tarmac.
Les combats ont démarré après l'arrestation lundi du colonel Mahmoud Hamza, commandant de la Brigade 444, par la Force al-Radaa. Aucune information n'a été donnée sur les raisons de son arrestation.
Tard mardi, le "conseil social", formé de notables et personnalités influentes de Soug el-Joumaa, secteur du sud-est de Tripoli et fief de la Force al-Radaa, a annoncé être parvenu à un accord avec le chef du gouvernement siégeant à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, pour transférer le colonel Mahmoud Hamza à une "partie neutre", sans la nommer.
Dans un communiqué lu à la télévision par son doyen, ce conseil a indiqué qu'une désescalade et un cessez-le-feu suivront cette mesure, ce qui a permis un retour au calme dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.
Les combats à l'arme lourde et à l'arme automatique avaient éclaté dans la nuit de lundi à mardi et se sont poursuivis jusqu'à mardi soir entre la Brigade 444 et la Force al-Radaa, dans plusieurs secteurs des banlieues sud-est de la capitale libyenne avec des tirs aveugles qui ont touché des zones habitées.
Ces deux groupes sont parmi les plus influents à Tripoli où siège l'un des deux gouvernements qui se disputent le pouvoir dans un pays miné, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, par des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux allégeances mouvantes.
- "L'ampleur des dégâts" -
Accompagné de son ministre de l'Intérieur, Imed Trabelsi, le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, s'est rendu dans la nuit à Ain Zara, l'un des secteurs du sud-est de Tripoli les plus touchés par les affrontements.
Sillonnant à pieds les rues plongées dans l'obscurité de ce quartier densément peuplé, M. Dbeibah a "constaté l'ampleur des dégâts" avant de donner des instructions pour que soient recensés les "dégâts matériels afin de dédommager les citoyens", selon le centre média du gouvernement sur Facebook.
De son côté, le ministère de l'Intérieur a mis en place un dispositif de sécurité pour superviser le cessez-le-feu et déployer des forces dans les secteurs les plus tendus de la ville.
Les vols commerciaux, déviés vers Misrata, à 200 km plus à l'est, n'avaient toujours pas repris mercredi matin à Tripoli.
La Libye tente de s'extraire de plus d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par les divisions et les ingérences étrangères.
Deux gouvernements s'y disputent le pouvoir depuis plus d'un an: l'un installé à Tripoli (ouest) dirigé par M. Dbeibah et reconnu par l'ONU, l'autre dans l'Est, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.
Mardi, la mission de l'ONU en Libye a dit, dans un communiqué, "suivre avec inquiétude" les évènements et "leur impact sur les civils", appelant à une "désescalade immédiate", au "dialogue" et à "préserver les progrès accomplis sur le plan de la sécurité ces dernières années".
Des communiqués des ambassades des Etats-Unis, du Royaume Uni, de la France, de l'Italie et de l'Union européenne ont fait écho aux appels de la Manul pour une cessation des hostilités.
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