Les leaders de la plateforme Alternance 2023, qui a désigné Albert Ondo Ossa comme son "candidat consensuel", ont exhorté quelques milliers de partisans survoltés à "ne voter que pour le président" et à "sacrifier" leur vote pour l'Assemblée nationale, lors d'un meeting à Libreville retransmis en direct sur les réseaux sociaux. Les ténors de l'opposition y ont de nouveau accusé le pouvoir d'avoir instauré au dernier moment un bulletin de vote unique pour la présidentielle et les législatives. Une "manoeuvre" destinée, selon eux, à favoriser la réélection d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, et son tout-puissant Parti Démocratique Gabonais (PDG). Le Centre Gabonais des Elections (CGE), qui régit les scrutins, l'a imposé il y a un mois: la personne qui voudra voter dans sa circonscription pour un député sera obligée de voter, avec le même bulletin, pour le candidat de son parti à la présidentielle, ou inversement. Or M. Ondo Ossa, un indépendant, ne représente aucun parti et il n'aura donc pas de candidat pour les législatives sur son bulletin, ce qui obligera l'électeur qui choisit de voter pour lui à l'élection présidentielle de renoncer à voter pour un député. L'opposition dénonce un "bulletin inique" bafouant "la liberté de vote" et la séparation des pouvoirs. Alternance 2023 comptait candidats six jusqu'à vendredi quand, au terme de longues négociations, elle a finalement opté pour M. Ondo Ossa. A la grande surprise des Gabonais car cet outsider peu connu du public a été choisi au détriment de plusieurs ténors de l'opposition, dont deux adossés à de vieux partis bien implantés. Les cinq qui se sont retirés du scrutin se sont succédé à la tribune d'Alternance 2023 dimanche pour demander à des partisans hurlant "A bas le PDG, à bas Bongo", de ne voter "que pour le professeur Ondo Ossa" le 26 août et d'ignorer les législatives. M. Ondo Ossa avait assuré vendredi à l'AFP qu'en cas de victoire, il dissoudrait la nouvelle Assemblée nationale pour de nouvelles législatives. L'opposition est chroniquement très divisée au Gabon et le choix tardif et laborieux d'Alternance 2023, à une semaine du scrutin seulement - face à un Ali Bongo qui mène une intense campagne très médiatisée avec d'énormes moyens financiers par comparaison - risque d'obérer les possibilités d'une alternance, analysent les experts. D'autant que le PDG et ses alliés dominent quasiment sans partage l'Assemblée nationale de ce petit Etat pétrolier parmi les plus riches d'Afrique mais dont un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. Treize candidats se réclamant de l'opposition se présenteront face à M. Bongo, pour un scrutin à un seul tour, qui désignera le vainqueur à la majorité relative. L'opposition n'a de cesse de dénoncer un pouvoir "dynastique", aux mains de la famille Bongo depuis 55 ans. Ali Bongo Ondimba, 64 ans, a été élu pour la première fois en 2009 à la mort de son père Omar Bongo, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans, puis réélu de justesse en 2016. De 5.000 voix seulement d'avance sur Jean Ping, derrière lequel une partie de l'opposition s'était ralliée, à seulement 15 jours du scrutin.
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