Des jihadistes "ont bloqué toutes les routes", a déclaré à l'AFP un élu s'exprimant sous le couvert de l'anonymat pour sa sécurité. "Entre Tombouctou et le sud, rien ne passe" non plus par le fleuve Niger, qui coule au sud de la ville, a-t-il ajouté. "Tout coûte cher à Tombouctou parce que les produits ne rentrent plus dans la ville. Les jihadistes ont bloqué les routes. C'est vraiment difficile", a corroboré un fonctionnaire de la mairie qui tait lui aussi son identité. Cet embargo fait suite à des messages diffusés début août sur les réseaux sociaux et attribués à un commandant local du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda. "Nous déclarons la guerre dans la région de Tombouctou. Les camions qui viennent d'Algérie, de Mauritanie et de toute autre provenance" doivent cesser leur progression, disent ces messages. Les camions qui enfreindraient cet ordre seront "ciblés et incendiés", préviennent-ils. Ces menaces coïncident avec le repositionnement sécuritaire en cours dans la région de Tombouctou, "la ville aux 333 saints" inscrite au patrimoine de l'humanité. La mission de l'ONU (Minusma), poussée à partir du Mali par la junte désormais au pouvoir, vient de quitter deux camps proches de Tombouctou, Ber et Goundam, transférés aux autorités maliennes. Cette prise de contrôle par l'Etat malien a donné lieu à des combats avec les jihadistes et de vives tensions avec les ex-rebelles touareg. Tombouctou, avec ses quelques dizaines de milliers d'habitants aux confins du Sahara, est l'une des grandes villes du nord tombées entre les mains de rebelles touareg, puis de salafistes après le déclenchement de l'insurrection de 2012. Les forces françaises et maliennes ont repris la ville en 2013. Les ex-rebelles ont signé en 2015 avec l'Etat malien un accord de paix aujourd'hui mal en point. Les islamistes radicaux continuent, eux, à combattre l'Etat malien et la présence étrangère. Le jihadisme s'est propagé au centre du Mali et au Niger et au Burkina Faso voisins. La mission de l'ONU conserve pour l'instant un camp à Tombouctou, mais tous les Casques bleus devront avoir quitté le Mali d'ici au 31 décembre.
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