Migrants éthiopiens: Ryad dénonce un rapport "trompeur" de HRW

Dans son rapport de 73 pages publié lundi, HRW s'appuie sur des entretiens avec 38 migrants éthiopiens ayant tenté de pénétrer en Arabie saoudite depuis le Yémen, des images satellite et des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux "ou recueillies auprès d'autres sources". "Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d'asile dans cette zone frontalière reculée, à l'abri du regard du reste du monde", a accusé Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW. Dans un nouveau communiqué publié jeudi par l'agence officielle saoudienne SPA, une source du gouvernement a dénoncé de "fausses allégations", ainsi que des "rapports politisés et trompeurs dans le cadre de campagnes médiatiques malveillantes qui sont répétées à des fins suspectes". Selon la même source, les autorités saoudiennes ont fourni des soins médicaux à "des groupes de personnes qui avaient été blessées par balle par des groupes armés pour les pousser à entrer dans le royaume par la force". Déjà lundi, les autorités saoudiennes avaient jugé le rapport "infondé et ne reposant pas sur des sources fiables". Le gouvernement éthiopien a annoncé une enquête conjointe avec l'Arabie saoudite après la publication du rapport de HRW. L'ONU a estimé que le rapport portait des accusations "très graves", tout en jugeant difficile de les "confirmer". Des centaines de milliers d'Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la "route de l'Est" reliant la Corne de l'Afrique au Golfe, en passant par le Yémen. Dans son rapport portant sur la période de mars 2022 à juin 2023, HRW estime que le meurtre "généralisé et systématique" des migrants éthiopiens pourrait constituer un crime contre l'humanité. L'année dernière, des experts de l'ONU ont fait état d'"allégations préoccupantes" selon lesquelles environ 430 migrants avaient été tués par les forces saoudiennes dans le sud de l'Arabie saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022. Le nord du Yémen est largement contrôlé par les Houthis, des rebelles combattus depuis 2015 par les forces gouvernementales yéménites soutenues militairement par l'Arabie saoudite.