"Parmi les 74 corps dénombrés (...) nous avons compté douze enfants", a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse Thembalethu Mpahlaza, chef des services médico-légaux de la province de Gauteng, qui rassemble Johannesburg et la capitale Pretoria.
Les légistes ont retrouvé les corps de 24 femmes et 40 hommes."Dix autres restent indéterminés car le degré de calcination ne permet pas de reconnaître le sexe", a précisé M. Mpahlaza.Un précédent bilan avait fait état de 73 morts.La dépouille d'un enfant de moins de deux ans avait déjà été retrouvée. Une soixantaine de blessés ont été dirigés vers plusieurs hôpitaux de la région.
Le président Cyril Ramaphosa a déploré une "immense tragédie" avec ce sinistre qui se classe parmi les incendies d'immeubles les plus meurtriers au monde au cours des vingt dernières années et dont le bilan dépasse désormais celui de la Grenfell Tower (72 morts) en juin 2017 à Londres.
L'origine du sinistre survenu dans un bâtiment délabré de quatre étages, occupé illégalement, n'a pas encore été établie.Un responsable de la ville, Mgcini Tshwaku, a évoqué l'éclairage à la bougie comme une possible cause.
Opulent quartier d'affaires au temps de l'apartheid, le centre-ville aujourd'hui délaissé de Johannesburg regorge d'immeubles abandonnés aux mains de marchands de sommeil et souvent déconnectés du réseau électrique.
- "Grilles verrouillées" -
"Nous avons couru pour essayer de trouver une sortie de secours", a dit à l'AFP Kenny Bupe.Le jeune homme de 28 ans raconte avoir dû forcer une grille, fermée à clef, pour échapper aux flammes. "D'autres avaient déjà sauté par les fenêtres parce qu'ils savaient que la porte était verrouillée".
Situé dans un quartier rongé par l'insécurité dans une Afrique du Sud au taux de criminalité parmi les plus élevés de la planète, l'immeuble à la façade désormais noircie par la fumée était équipé de plusieurs grilles de sécurité.
A chaque étage, des portes à barreaux fermées chaque soir à double tour pour éviter l'entrée d'intrus ont empêché les habitants affolés d'échapper aux flammes, selon des témoignages.Quand l'incendie s'est déclaré au milieu de la nuit, la panique a envahi les couloirs et au petit matin, des corps ont été retrouvés entassés derrière une grille verrouillée.
Nobuhle Zwane s'en est sortie, de justesse: "Nous avons eu beaucoup de mal à sortir", dit-elle à l'AFP, ses enfants de 2 et 13 ans à ses côtés.Elle décrit des gens courant dans tous les sens.
A l'extérieur, des draps et des couvertures restaient jeudi accrochés aux fenêtres.Les occupants de l'immeuble ont utilisé ce qu'ils avaient sous la main pour tenter de s'échapper.
Des témoins ont dit aux journalistes avoir vu des bébés jetés par les fenêtres, dans des tentatives désespérées de les sauver des flammes.
- "Des corps partout" -
"Il y avait des corps partout sur le sol" après l'incendie, a décrit Noma Mahlalela, 41 ans, femme de ménage.
Un journaliste de l'AFP a assisté dans la matinée à l'extraction de corps calcinés de l'immeuble.Les secouristes les ont allongés dans la rue avant de les couvrir d'un drap ou d'une couverture.
L'incendie, le plus grave jamais recensé en Afrique du sud, a été maîtrisé et les recherches sont sur le point d'être terminées.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déploré sur X (ex-Twitter) un "incendie dévastateur".Le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont évoqué une "tragédie".
Selon plusieurs témoignages, de nombreux "étrangers" occupaient l'immeuble.Économie la plus industrialisée du continent, l'Afrique du Sud attire des millions de migrants, dont beaucoup sans papiers, en provenance d'autres pays africains.
En décembre dernier, l'explosion d'un camion-citerne près de Johannesburg avait tué 34 personnes, tandis qu'en juin, des flammes ont ravagé un immeuble délabré et tué deux enfants de moins de 10 ans enfermés dans un appartement.
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