Longtemps fief indéboulonnable de l'ancien président Laurent Gbagbo, "Yop City" comme l'appellent les Abidjanais, est avec son 1,5 million d'habitants une municipalité essentielle à conquérir pour les partis politiques ivoiriens.
"Yopougon, c'est la Côte d'Ivoire en miniature", répètent militants et candidats de tous bords.
Michel Gbagbo, fils de l'ex-chef de l'Etat, y défend les couleurs de la nouvelle formation politique de son père, le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) et défie notamment un poids-lourd du parti au pouvoir (RHDP), le président de l'Assemblée nationale Adama Bictogo.
Et si la rivalité entre les deux camps qui s'étaient déchirés à la présidentielle de 2010 - l'élection d'Alassane Ouattara contestée par Laurent Gbagbo avait débouché sur cinq mois de violences et fait plus de 3.000 morts - s'est apaisée, elle reste encore d'actualité quand il s'agit de faire campagne.
"Entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, vous choisissez qui ?", a lancé Michel Gbagbo jeudi lors de son meeting de fin de campagne devant une foule d'un millier de personnes qui scandait le nom de l'ex-président.
"Je vote pour Michel parce que c'est le fils de Laurent", assume l'un deux, Jean Nguessan, au premier rang.
C'est le premier scrutin en Côte d'Ivoire depuis le retour de Laurent Gbagbo, acquitté en 2021 par la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité liés à la crise post-électorale.
"Tous les regards sont tournés vers Yopougon!", assure un électeur Mamadou Doumbia, espérant que le scrutin se déroulera sans tensions.
- Unanimes -
"Nous devons transformer Yopougon", a déclaré de son côté Adama Bictogo, lors de son dernier meeting avant le vote.
"Ce que lui dit, il le fait", commente une de ses partisanes, Kady Konaté qui veut croire au changement dans cette commune populaire, pourtant déjà dirigée par un maire du RHDP, Gilbert Kafana Koné.
Car quel que soit le parti qu'ils soutiennent, les habitants de Yopougon sont unanimes quant aux problèmes que concentre leur lieu de vie, à l'heure où la croissance ivoirienne flirte avec les 7%.
"Ca fait plus de dix ans que nous souffrons", lance Augustin Dia Houphouët, le candidat du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), autre grande formation d'opposition qui espère venir jouer les trouble-fête dans le duel annoncé.
Enfant de Yopougon, ce quadragénaire s'adresse en nouchi (argot ivoirien) à ses sympathisants et porte des "lêkê" - des méduses, ces chaussures en plastique emblématiques des habitants de villes populaires de Côte d'Ivoire.
- Infrastructures -
Les problèmes d'infrastructures transcendent les camps politiques dans cette commune pauvre de la métropole abidjanaise.
"Il y a des zones où les gens n'ont pas accès à l'eau courante", s'insurge Bohoussou Koffi, présidente des associations féminines de Yopougon et militante du PDCI.
"Il y a des établissements où les enfants travaillent à même le sol", assure-t-elle également, ajoutant que "les routes" de sa commune "sont mauvaises".
Dans le camp Gbagbo, Innocent Sehi, 37 ans, déplore lui le "manque de dispensaires".Le CHU de Yopougon a fermé en 2019 pour trois ans de rénovation et n'a toujours pas rouvert.Il plaide également pour l'existence d'un "bon marché" pour faire ses courses.Un projet de l'actuel gouvernement.
Kady Konaté, militante du parti au pouvoir et commerçante déplore de devoir vendre "en bordure de route" et d'être à la merci d'agents municipaux qui viennent régulièrement la chasser et lui confisquer ses produits.
Voudrait-elle vivre ailleurs pour autant? "Non!", répond-elle."J'aime ma commune, nous (y) sommes solidaires", et "c'est le plus important, assure t-elle.
A Yopougon "on mange ensemble, on rit ensemble, on se soutient", conclut Luc Goré Bi, un militant PDCI.
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