Victime ou "menace grave": l'expulsion vers l'Algérie d'une revenante de Syrie examinée en France

Infos. Elle se dit victime d'une famille tyrannique et radicalisée, l'État français la considère comme "une menace grave à l'ordre public": la justice française s'est penchée mercredi sur l'éventuelle expulsion vers l'Algérie --où elle n'a jamais vécu-- d'une jeune femme partie mineure en Syrie avec sa famille.

Victime ou "menace grave": l'expulsion vers l'Algérie d'une revenante de Syrie examinée en France

La jeune femme âgée de 24 ans appartient à la famille Tahar Aouidate, l'"une des plus grandes familles jihadistes françaises", dont 23 membres ont rejoint l'organisation État islamique, a insisté le préfet du département du Nord Georges-François Leclerc devant la commission d'expulsion du tribunal de Lille, qui rendra son avis le 27 septembre. Parmi eux figure Fodil Tahar Aouidate, son oncle, condamné à mort en Irak en 2019. Elle a été conduite en Syrie par sa mère en 2014, à 15 ans, avec sa fratrie, puis mariée dans la foulée à un jihadiste belge, avec qui elle aura deux filles. De retour en France avec ses filles après cinq ans en Syrie, puis quatre ans dans le camp de prisonniers jihadistes de Roj, contrôlé par les Kurdes, elle espère rester dans son pays de naissance mais n'en a pas la nationalité: sa mère la lui a refusé à l'adolescence, plaçant aujourd'hui cette ressortissante algérienne en situation irrégulière. "J'affirme qu'elle constitue aujourd'hui une menace grave pour la République française", a lancé le préfet. Avant de dérouler les faits reprochés: un rire quand elle évoque une décapitation lors d'une audition avec la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), une considération sur les chiites qui "sont des malades" lors des mêmes échanges ou encore "un lien pas rompu avec son relationnel jihadiste". Le préfet y voit "un processus de dissimulation", ou "taqiya", et insiste sur ses "ambiguïtés". "Je ne comprend pas cette obstination de la préfecture", a rétorqué Me Marie Dosé, pour qui sa cliente, qui n'a pas été inculpée à son retour en France, n'a fait que subir sa famille, toute son enfance, puis en Syrie. Elle raconte la déscolarisation à 13 ans, le voile intégral, les coups et la haine de sa mère. Cette haine qui, "avec l'école", est "probablement" ce "qui l'a sauvée de cette idéologie" radicale. "Je viens d'une famille tyrannique que je n'ai pas choisie", affirme dans une lettre lue à l'audience la jeune femme, non présente car hospitalisée. "Je ne suis ni un danger, ni une menace. Simplement encore cette petite fille à qui on a volé son enfance", ajoute-t-elle. "Mon plus grand rêve, c'est d'aller à Disneyland avec mes filles."

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