Ouganda: la police suspend une campagne de mobilisation de l'opposition

Les autorités avaient autorisé cette opération lancée le 2 septembre par la Plateforme d'unité nationale (NUP), une décision inédite dans ce pays dirigée d'une main de fer depuis 1986 par le président Yoweri Museveni et où l'opposition est sévèrement contrôlée. Bobi Wine a déclaré à l'AFP qu'il entendait poursuivre cette campagne, qui a donné lieu à des rassemblements un peu partout dans le pays, le dernier mercredi à Arua (nord-ouest). Mercredi, la police ougandaise a déclaré avoir "remarqué que, dans toutes les zones où les activités de mobilisation du NUP ont été menées, il y a eu (...) des troubles à l'ordre public, des embouteillages inutiles, des pertes d'activité, des dommages matériels mal intentionnés". Elle évoque notamment des accidents de la route, dont un mortel dans la ville de Hoima (ouest), et un rassemblement dans le centre du pays qui "a été utilisé pour inciter à la violence, promouvoir le sectarisme, lancer des appels illégitimes à la destitution d'un gouvernement élu et publier des déclarations diffamatoires contre le président de la République d'Ouganda". Face à ces "violations flagrantes", "les activités (de mobilisation) du NUP sont immédiatement suspendues", a affirmé la police, précisant avoir notifié mardi sa décision à la direction du parti. Dans une déclaration à l'AFP, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, a déclaré qu'il s'attendait à une telle décision du pouvoir. "Faites savoir aux Ougandais et au monde que nous poursuivons notre mobilisation, indépendamment de ce que Museveni, en utilisant la police, peut faire pour mettre un terme à notre popularité", a-t-il ajouté. L'Ouganda tient son élection présidentielle en 2026. Yoweri Museveni, 78 ans, n'a pas annoncé ses intentions pour le scrutin. Son fils Muhoozi Kainerugaba a, lui, annoncé en mars son intention de se présenter, dans un tweet qu'il a ensuite effacé. Depuis, il a lancé son "mouvement MK", dont les membres affichent leur souhait de le voir devenir "le prochain président". Ancien chanteur, Bobi Wine était le principal rival du président Museveni à la présidentielle de 2021. Le chef de l'État avait été réélu pour un sixième mandat avec 58% des voix, selon les résultats officiels, devant Bobi Wine (35%) qui avait dénoncé une "mascarade". Bobi Wine a été arrêté à de multiples reprises ces dernières années et les rassemblements de ses partisans régulièrement dispersés, parfois violemment. Durant la campagne électorale, des manifestations contre une énième arrestation de M. Wine avaient été violemment réprimées par les forces de sécurité, faisant au moins 54 morts.