Adama Ben Diarra, dit Ben le Cerveau, détenu et présent à l'énoncé du jugement, était poursuivi pour "atteinte au crédit de l'Etat". Ses avocats, Mes Demba Traoré et Mamadou Camara, ont dit qu'ils feraient appel. "Mes propos ont été déformés et sortis de leur contexte", s'était défendu lors de son procès la semaine dernière M. Diarra, jugé en flagrant délit par le pôle de lutte contre la cybercriminalité, un tribunal spécial. Le 27 août, M. Diarra avait appelé la junte à respecter l'échéance de mars 2024 à laquelle elle s'est engagée pour rendre le pouvoir à des civils élus. Il a émis des critiques sur la gestion de la junte et déploré les arrestations opérées, selon lui, par les services de sécurité. Il est à la tête de Yerewolo-Debout sur les remparts, l'une des organisations les plus actives en faveur de la junte qui a pris par la force en 2020 les commandes de ce pays confronté à l'expansion jihadiste et à une crise profonde. Yerewolo a mobilisé dans les rues pour le départ de la force antijihadiste française Barkhane, pour le retrait de la mission de l'ONU Minusma, et pour le recours aux services des Russes. M. Diarra est par ailleurs membre du Conseil national de transition (CNT), installé par les militaires pour tenir lieu d'organe législatif au Mali. Le flagrant délit retenu contre lui contournait l'éventuelle objection quant à son immunité. M. Diarra est la dernière personnalité en date inquiétée sous la junte pour des prises de position ou des infractions financières présumées. Une influenceuse a été condamnée début août à un an de prison ferme après s'en être prise aux militaires au pouvoir et à leur "échec", selon elle, face à l'insécurité et à l'inflation. Le polémiste et animateur de radio-télévision Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, est écroué depuis mars 2023 après avoir déclaré que l'ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, mort en détention l'année précédente, avait été "assassiné". En décembre 2021, Issa Kaou N'Djim, figure politique connue pour soutenir le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a été condamné à six mois de prison avec sursis, lui aussi pour "atteinte au crédit de l'Etat", après des propos jugés subversifs sur les réseaux sociaux. Il a été révoqué du CNT.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.