La veille déjà, Ahmed al-Tantawi qui est l'unique candidat déjà en campagne révélait que son téléphone était sur écoute depuis septembre 2021, après que le laboratoire Citizen Lab de l'Université de Toronto y a établi la présence d'un logiciel espion.
Hisham Kassem a été condamné à "trois mois ferme et 20.000 livres égyptiennes (environ 600 euros) d'amende" pour "diffamation" envers un ancien ministre et "trois mois ferme pour outrage à agents" dans le cadre de la première affaire", rapporte sur X (ex Twitter) Gameela Ismaïl, l'une des cadres du Courant libre, la coalition d'opposition dirigée par M. Kassem.
Un appel aura lieu le 7 octobre, précise sur Facebook Nasser Amin, l'avocat de cette figure de l'opposition et de la défense des droits humains en Egypte.
Amnesty International dénonce une "campagne ininterrompue des autorités égyptiennes pour faire taire les critiques pacifiques et punir les opposants".
Hisham Kassem, 64 ans, est détenu depuis le 20 août et était en grève de la faim jusqu'au 12 septembre pour dénoncer son incarcération.
L'Egypte, 135e pays sur 140 au classement mondial de l'Etat de droit du World Justice Project, compte des milliers de prisonniers politiques.
- 35 arrestations en 3 semaines -
A l'approche de la présidentielle, à laquelle Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis qu'il a destitué l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, entend se présenter même s'il ne l'a pas encore officiellement annoncé, selon des observateurs.
Le régime a lancé un grand "dialogue national" censé donner de la voix à une opposition muselée et réduite comme une peau de chagrin par les arrestations durant une décennie.Il a aussi relancé son comité des grâces présidentielles.Plusieurs figures de l'opposition sont sorties de prison ces derniers mois.
Mais, notent les ONG, si le comité des grâces présidentielles a libéré un millier de détenus d'opinion, "trois fois plus ont été arrêtés" dans le même temps.
Pour Gameela Ismaïl, "Hicham Kassem dérangeait le régime depuis longtemps car il dénonçait notamment le rôle de l'armée dans l'économie" égyptienne, en chute libre depuis des mois.
Le Courant libre dit se réserver le droit à une "escalade" et ses cadres évoquent la possibilité de geler leurs activités et de boycotter la présidentielle ou le dialogue national.
Deux de ses cadres se sont dit récemment "favorables à titre personnel" à la candidature de l'ancien chef d'état-major Mahmoud Higazi, dont la fille a épousé le fils de M. Sissi, provoquant de houleux débats en Egypte.
Quant à M. Tantawi, il se dit "déterminé " à poursuivre sa campagne en dépit du fait que "ces derniers jours le rythme et la gravité des actions illégales et immorales entreprises par les forces de sécurité contre (sa) campagne se sont intensifiés".
"Au moins 35 membres de sa campagne ont été arrêtés en moins de trois semaines dans 13 provinces différentes", a rapporté vendredi l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).
- Aide américaine -
Cette ONG, la plus grande des droits humains en Egypte, s'est retirée mercredi du dialogue national pour protester contre "l'arrestation d'un des participants au dialogue", Mohammed Zahran, fondateur de l'Union nationale indépendante des enseignants égyptiens.
Le Mouvement civil démocratique, une coalition regroupant le Courant libre et d'autres partis d'opposition, notamment de gauche, met elle en garde depuis des jours contre une "explosion" dans le plus peuplé des pays arabes, deuxième Etat au monde ayant le plus grand risque de faire défaut sur sa dette.
"L'Egypte ne tolérera pas un troisième mandat", a-t-il prévenu.Retarder le "changement" amènera le pays "au bord de l'explosion".
Samedi, M. Sissi, en visite dans une province rurale au sud du Caire, a annoncé des primes exceptionnelles pour les fonctionnaires et les bas salaires, ainsi que des exemptions d'impôts alors que l'inflation a atteint en août son plus haut historique à près de 40%.
Washington a récemment approuvé la majeure partie de son aide militaire à l'Egypte, "créant un choix artificiel entre la sécurité nationale et les droits humains", a accuse samedi Human Rights Watch (HRW).
Washington a débloqué 1,215 milliard de dollars et retenu 85 millions supplémentaires conditionnés à la libération de prisonniers politiques.
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