A Port-Soudan, l'attente interminable d'un passeport pour quitter le pays

Infos. Pour fuir la guerre, trouver des soins médicaux impossibles à obtenir au Soudan ou poursuivre des études interrompues par le conflit, des centaines de Soudanais attendent parfois des jours devant le bureau des passeports qui vient tout juste de rouvrir à Port-Soudan.

A Port-Soudan, l'attente interminable d'un passeport pour quitter le pays
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Port-Soudan (Soudan) (AFP)

Après quasiment cinq mois d'arrêt, la reprise des distributions du précieux sésame pousse hommes, femmes et enfants à s'entasser chaque jour depuis le petit matin sous le préau de la direction des passeports de Port-Soudan, dans l'Est côtier épargné par les combats qui ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés.

Là, ils attendent de pouvoir accéder au bâtiment principal, bondé, sous une chaleur écrasante.

"On veut partir n'importe où hors du Soudan parce qu'ici on n'a aucun droit, ni à manger ni de quoi éduquer nos enfants", affirme à l'AFP Marwa Omar, qui a fui Khartoum sous les bombes et cherche désormais à obtenir des passeports pour ses quatre enfants.

- "Rien sans piston" -

Depuis le début de la guerre entre les généraux rivaux qui se disputent le pouvoir, le 15 avril, les services administratifs de la capitale, où les combats sont parmi les plus intenses, sont à l'arrêt.

C'est à Port-Soudan que le numéro deux du pouvoir militaire, Malik Agar, a inauguré fin août, en grande pompe, une nouvelle usine d'impression de passeports.

Depuis, comme Mme Omar, ils sont nombreux à affluer vers cette ville qui abrite le seul aéroport opérationnel du pays et où les responsables du gouvernement et de l'ONU ont pris leurs quartiers.

Les fonctionnaires du service des passeports, pris d'assaut, peinent à répondre à la demande, énorme, selon Feras Mohammed, venu en faire un pour son dernier-né.

"Certaines personnes sont là depuis jeudi et n'ont toujours pas réussi à faire enregistrer leurs demandes", dit-il à l'AFP."Tout est très mal organisé", ajoute-t-il. 

"Sans piston, on ne peut rien faire", regrette Mme Omar.

Et pour ceux qui ont la chance de pouvoir entrer, malgré les ventilateurs et climatiseurs qui tournent à plein régime dans un vacarme monstrueux, la chaleur est suffocante.

"C'est tellement plein qu'on peine à respirer, il faut que ce soit mieux organisé", déclare M. Mohammed.

"La salle est exiguë, il n'y a pas de sièges, les personnes âgées sont assises par terre", abonde de son côté Chehab Mohammed, qui cherche lui aussi à obtenir des passeports. 

Pas de quoi décourager certains qui veulent à tout prix quitter le pays, ses quartiers résidentiels sous les bombes, les coupures d'eau et d'électricité, les tirs croisés et les balles perdues.

Eux sont prêts à payer les 120.000 livres soudanaises (près de 190 euros) nécessaires pour obtenir un passeport, soit quasiment le salaire moyen dans le pays, déjà l'un des plus pauvres au monde avant la guerre qui l'a plongé dans une véritable catastrophe selon l'ONU.

- "Solution temporaire" -

Plus d'un Soudanais sur deux a besoin d'aide humanitaire pour survivre et six millions d'entre eux sont au bord de la famine, préviennent les humanitaires.

Nour Hassan est venue de Khartoum pour faire son passeport, celui de son mari et ceux de leurs deux enfants. 

Arrivée dimanche matin à Port-Soudan, elle vient tous les jours jusqu'à 21H30 mais, dit-elle à l'AFP, "on n'a rien pu faire car rien n'est organisé".

Avec sa famille, elle veut partir au Caire: "J'y ai des proches", explique-t-elle. 

Des proches qui peuvent aider à obtenir un visa pour l'Egypte, le grand voisin du nord qui, avant la guerre, n'imposait de visas ni aux femmes ni aux enfants soudanais, mais en réclame désormais à tous les ressortissants.

Depuis Port-Soudan, de nombreuses autres familles choisissent de s'envoler vers le Golfe où des milliers de Soudanais travaillent de longue date, notamment vers les Emirats arabes unis qui offrent désormais des visas d'un an aux réfugiés du pays en guerre.

"On part car Khartoum est devenue invivable", affirme Mme Hassan. 

Et d'ajouter: "C'est une solution temporaire, on reviendra quand ça ira mieux". 

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