Cette commission d'experts, dont le rapport doit être présenté devant le Conseil des droits de l'Homme, indique dans un communiqué que "des atrocités, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité continuent d'être commis dans le pays". "Si la signature de l'accord a permis de faire taire les armes, elle n'a pas résolu le conflit dans le nord du pays, en particulier dans le Tigré, et n'a pas apporté de paix globale", déclare le président de la commission, Mohamed Chande Othman, dans un communiqué. Selon le rapport, "les hostilités en Ethiopie s'étendent désormais à l'échelle nationale, avec des violations significatives en augmentation, notamment dans la région d'Amhara, mais également dans celle d'Oromia et ailleurs". Le conflit dans le nord de l'Ethiopie, qui a opposé les autorités rebelles du Tigré au gouvernement fédéral éthiopien, épaulé par des milices des régions voisines de l'Amhara et l'Afar ainsi que par l'armée de l'Erythrée, a été marqué par d'innombrables atrocités imputables à l'ensemble des belligérants. Le 2 novembre 2022, le gouvernement fédéral et le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti des autorités de la région du Tigré entrées en rébellion, ont signé un "Accord de cessation des hostilités" mettant fin à deux ans de guerre. Mais selon la commission onusienne, "les troupes érythréennes", qui étaient venues soutenir l'armée éthiopienne, "et les membres des milices Amhara continuent de commettre de graves violations au Tigré", notamment des viols et des violences sexuelles systématiques sur les femmes et les filles. - enquêtes indépendantes - La commission indique également que les forces gouvernementales continuent de procéder à des arrestations, détentions et tortures de civils dans la région d'Oromia, et explique avoir reçu de nombreux rapports crédibles faisant état de violations commis contre des civils dans la région de l'Amhara depuis que le gouvernement fédéral y a décrété l'état d'urgence en août dernier. La commission a ainsi reçu des rapports faisant état de détentions arbitraires massives de civils dans cette région et d'au moins une attaque de drone menée par l'État. Vendredi, l'organisme éthiopien de défense des droits de l'Homme avait pour sa part accusé les forces de sécurité fédérales d'avoir procédé à des exécutions extra-judiciaires dans l'Etat régional troublé d'Amhara. "Nous sommes profondément alarmés par la détérioration de la situation sécuritaire en Amhara (...). L'évolution de la situation a d'énormes répercussions sur la stabilité de l'Éthiopie et de l'ensemble de la région", prévient M. Othman. "On ne saurait trop insister sur l'importance d'une surveillance et d'enquêtes indépendantes permanentes et solides", poursuit-il. La commission de l'ONU accuse le gouvernement éthiopien d'avoir "échoué à prévenir ou à enquêter efficacement sur les violations" et d'avoir "au contraire lancé un processus de consultation sur la justice transitionnelle entaché d'irrégularités, au cours duquel les victimes ont été oubliées". Elle pointe également les niveaux élevés d'impunité dans le pays et s'inquiète de la "sécurisation croissante de l'Etat par l'imposition d'états d'urgence et l'établissement de +postes de commandes+ militarisés sans contrôle civil", des structures, qui selon la commission, "s'accompagnent souvent de graves violations".
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