Inondations en Libye: le changement climatique a probablement aggravé l'intensité des pluies, selon une étude

Infos. Le changement climatique a augmenté la probabilité, potentiellement "jusqu'à 50 fois", que surviennent en Libye des pluies aussi intenses que celles qui ont entraîné la rupture de deux barrages mal entretenus, faisant des milliers de morts à Derna, selon une étude publiée mardi par un réseau de scientifiques spécialisé dans ce type d'analyses.

Inondations en Libye: le changement climatique a probablement aggravé l'intensité des pluies, selon une étude

Les chercheurs du World Weather Attribution (WWA) ne sont pas parvenus à estimer précisément l'influence du réchauffement climatique, le phénomène étant trop bref et trop localisé pour la plupart des modèles climatiques existants, mais aussi par manque criant de données d'observations. L'absence d'influence du changement climatique causé par l'activité humaine ne peut donc pas être totalement exclue, mais les scientifiques de doutent pas du lien, puisque "l'augmentation des températures entraîne généralement des pluies plus abondantes", "des études prévoient des pluies plus abondantes dans la région", et les données météorologiques régionales montrent déjà cette tendance à l'oeuvre. Concernant la Libye, les scientifiques ont constaté que "le changement climatique augmentait jusqu'à 50 fois la probabilité de survenue de l'événement, avec jusqu'à 50% de pluie en plus pendant cette période". Pour analyser l'effet du réchauffement dans l'amplification des phénomènes extrêmes, le WWA utilise des données climatiques et des modèles pour comparer le climat actuel, environ 1,2°C plus chaud que depuis l'ère préindustrielle, à celui du passé. Le 10 septembre, lorsque la tempête Daniel a déversé un déluge sur le nord-est de la Libye, deux barrages ont cédé près de Derna, provoquant une vague de l'ampleur d'un tsunami le long d'un oued habituellement à sec, faisant des milliers de morts. "Après un été de canicules et d'incendies dévastateurs portant clairement l'empreinte du changement climatique, mesurer la contribution de celui-ci à ces inondations s'est avéré plus difficile", a reconnu Friederike Otto, de l'Institut Grantham de l'Imperial College de Londres. "Mais il ne fait aucun doute que réduire la vulnérabilité et renforcer la résistance à tous les types de conditions météorologiques extrêmes sont essentiels pour sauver des vies à l'avenir". L'étude estime par ailleurs que le réchauffement climatique a "rendu jusqu'à 10 fois plus probable" l'intensité des pluies en Grèce, Bulgarie et Turquie, également frappées par des inondations exceptionnelles à cause de la tempête Daniel. "Dans cette vaste région, qui englobe des parties des trois pays, l'événement est désormais relativement courant", et peut désormais se reproduire "une fois tous les dix ans", estime l'étude. Pour la Grèce centrale, la plus touchée, "l'événement est moins probable" (une fois tous les 80-100 ans environ). En revanche pour l'Espagne, une analyse complète n'a pas pu être effectuée, car "les modèles climatiques disponibles représentent mal les fortes précipitations sur des échelles de temps inférieures à un jour".

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