"Je suis libre, merci beaucoup pour votre soutien" a écrit sur X (ex-Twitter) et en trois langues la journaliste, un message accompagné d'une photo le poing levé devant un drapeau égyptien. Son avocate Me Virginie Marquet a confirmé à l'AFP sa libération vers 21H00 (19H00 GMT) tandis qu'une source proche de l'enquête a indiqué que sa garde à vue était "levée" tandis qu'un ancien militaire, également retenu depuis mardi, allait lui être présenté à un magistrat en vue de possibles poursuites. "Ca va, elle est très combative", s'est félicitée auprès de l'AFP Magali Serre, présidente de Disclose, média qui avait publié son article fin 2021. Disclose avait affirmé dans un article en novembre 2021 que la mission de renseignement française "Sirli", entamée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien qui se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne. A la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour "violation du secret de la Défense nationale". Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 avant qu'une juge d'instruction ne soit désignée à l'été 2022, d'après Disclose. Aucune source judiciaire n'a pu confirmer mercredi soir ces éléments. Disclose a précisé mercredi, sur X, que selon ses informations, "les enquêteurs de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) reprochent à (la) journaliste d'avoir signé cinq articles sur les ventes d'armes françaises à l'étranger, publiés dans le média depuis 2019". Outre celui portant sur l'opération "Sirli", Disclose cite des articles portant sur "la vente de 30 avions Rafale à l'Égypte", "les armes livrées à la Russie jusqu'en 2020", "la vente de 150.000 obus à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU)" et "le transfert d'armes illicite des EAU vers la Libye". L'annonce de la garde à vue avait suscité depuis mardi matin un flux croissant de soutien envers la journaliste, comme celui d'Amnesty International, qui a déploré "une attaque contre les journalistes (...) qui tentent d'exposer les actions opaques des services de renseignement français". "Il y a une forme d'escalade dans les moyens mis en oeuvre (pour obtenir des informations sur les sources des journalistes), qui elle-même est inquiétante", a aussi estimé Paul Coppin, de Reporters sans frontières. Lors d'un rassemblement convoqué en fin d'après-midi à Paris, la présidente de Disclose avait estimé que l'Etat avertissait par cette mesure les journalistes: "Si vous enquêtez sur des secrets d'Etat, vous risquez de terminer comme Ariane Lavrilleux, en garde à vue". "Nous sommes face à une intimidation comme on n'a jamais vue ces dernières années", avait aussi dénoncé Emmanuel Poupard, au nom de l'intersyndicale journalistes. Le patron du Parti socialiste (opposition de gauche), Olivier Faure, avait appelé à "constitutionnaliser le droit à la protection des sources". "C'est ce que nous défendrons dans les prochaines semaines". Des rassemblements de dizaines de personnes ont également eu lieu à Marseille (sud), où la journaliste était en garde à vue depuis mardi, ou encore à Lyon (sud-est). Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a refusé mercredi de répondre à une question sur cette affaire, lors du compte-rendu du Conseil des ministres. Contacté par l'AFP, le ministère de la Culture n'a pas donné suite. A la fois média d'information et ONG, le site d'investigation Disclose a été fondé en 2018 par deux journalistes d'investigation. Son financement repose exclusivement sur les dons, garantissant son indépendance éditoriale, explique Disclose sur son site, où toutes ses enquêtes sont en libre accès. bur-kp-ac-iw-ahe-gd-alh/ial/fjb
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.