"Le gouvernement invite la communauté internationale à participer à la conférence qu'il prévoit d'organiser le 10 octobre à Derna pour présenter des projets modernes et rapides pour la reconstruction de la ville", a indiqué l'exécutif de l'Est de la Libye dans un communiqué signé par son chef, Oussama Hamad.
Ce gouvernement indique que l'appel à cette conférence intervient en "réponse aux demandes des habitants de la ville sinistrée de Derna et des autres villes (de l'Est) ayant subi des dégâts" après le passage de la tempête Daniel le 10 septembre, selon le communiqué.
Le gouvernement rival reconnu par l'ONU et basé dans la capitale Tripoli n'a pas réagi dans l'immédiat à cette annonce.
Rongée par les divisions depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux administrations rivales: l'une à Tripoli (Ouest) dirigée par Abdelhamid Dbeibah, l'autre dans l'Est, incarnée par le Parlement et affiliée au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.
"Cette conférence est très importante.Est-ce que les pays donateurs vont participer ou vont-ils attendre une conférence organisée par Dbeibah?", a déclaré à l'AFP à Benghazi le porte-parole du maréchal Haftar, le général Ahmad al-Mismari.
- "Polarisation" -
"Cette polarisation politique a nui aux Libyens", a-t-il déploré.
La participation à une telle conférence à Derna pourrait en effet constituer un véritable casse-tête diplomatique pour de nombreux pays, le gouvernement de l'Est libyen n'étant pas internationalement reconnu.
Si elle devait se concrétiser, la conférence aurait lieu un mois jour pour jour après le passage dévastateur de la tempête Daniel dans l'est de la Libye.
La tempête a notamment frappé Derna, une ville de 100.000 habitants bordant la Méditerranée, entraînant la rupture de deux barrages en amont et provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami.
Selon un dernier bilan officiel provisoire communiqué vendredi soir par le gouvernement de l'Est, les inondations ont fait 3.753 morts.
Mais les organisations humanitaires et les autorités libyennes craignent un bilan beaucoup plus lourd en raison du nombre de disparus, qui se comptent par milliers.
"Je ne suis pas sûr que nous connaîtrons un jour le nombre définitif de personnes décédées", a déclaré jeudi soir Yann Fridez, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Libye, lors d'une audio-conférence avec des journalistes.
Vendredi encore, des dizaines de corps enveloppés dans des sacs mortuaires ont été emmenés dans un camion et deux pick-ups au cimetière de Martouba, un village au sud-est de Derna, pour y être enterrés, selon une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, plus de 43.000 personnes ont été déplacées par les inondations, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).
- "En colère" -
Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver des milliers de disparus présumés morts, le ballet des avions d'aide se poursuit aux aéroports de Benina de Benghazi et celui de Labraq plus à l'est, selon des images de médias libyens.
En plus de Derna, la tempête Daniel a laissé d'importants dégâts dans plusieurs régions de l'Est libyen.
"L'eau est un vrai problème", raconte à l'AFP Ahmed Saleh, l'un des habitants de Soussa, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Derna.En attendant que la centrale à l'entrée de la ville reprenne du service, des volontaires "nous apportent de l'eau dans des citernes venues des villes voisines", dit-il.
L'usine de dessalement, qui alimente 320.000 personnes dans la région, est encore à l'arrêt alors que ses employés s'activent à sortir tuyaux, cuves et autres équipements de la boue qui les recouvre, selon des journalistes de l'AFP.
Les autorités de l'Est du pays ont été accusées d'imposer un "black-out" à Derna après que les réseaux téléphoniques et internet ont été coupés mardi soir durant 24 heures et des journalistes priés de quitter la ville, au lendemain d'une manifestation d'habitants réclamant des comptes aux responsables de l'Est.
"Notre peuple souffre, notre peuple est en colère (...) Ses demandes sont légitimes et nous devons en tenir compte", a affirmé M. Mismari en réponse à la grogne populaire.
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