Dans un communiqué, le gouvernement de l'Est a dit avoir donné son "approbation à la création d'un fonds pour la reconstruction de la ville de Derna et des zones touchées" par les inondations du 10 septembre. Pourtant non reconnu internationalement, l'exécutif a "confirmé" aussi la tenue le 10 octobre à Derna d'une "conférence internationale" de reconstruction, annoncée dès le 22 septembre. Cette "conférence" sera "ouverte aux entreprises internationales", a précisé mercredi le gouvernement de l'Est, qui avait appelé dans un premier temps l'ensemble de la "communauté internationale" à y participer. Le gouvernement rival reconnu par l'ONU et basé dans la capitale Tripoli (Ouest) a ignoré jusqu'à présent ces annonces et n'a pas dit s'il y enverrait ou non des représentants. Pour sa part, l'exécutif de Benghazi n'a pas précisé comment le nouveau fonds serait financé mais le Parlement, basé également dans l'Est, a déjà alloué 10 milliards de dinars (1,9 milliard d'euros) aux projets de reconstruction. Rongée par les divisions depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux administrations rivales: l'une dans l'Ouest dirigée par Abdelhamid Dbeibah, l'autre dans l'Est, incarnée par le Parlement et affiliée au camp du maréchal Khalifa Haftar. "Institutionnellement", les autorités de l'Est "n'existent pas puisqu'elles ne sont pas reconnues internationalement", donc "il est peu probable que des pays donnent de l'argent à l'Est", a souligné à l'AFP Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye auprès de l'institut britannique Royal United Services (RUSI). "Selon toute vraisemblance, les fonds (internationaux, ndlr) devraient passer par Tripoli", a-t-il dit, soulignant que le gouvernement Dbeibah cherchait à profiter du drame pour débloquer les avoirs et investissements étrangers de la Libye. Se chiffrant en dizaines de milliards de dollars et gérés par le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA), ceux-ci avaient été placés sous séquestre en 2011 par l'ONU pour éviter des détournements. Les inondations, provoquées par la tempête Daniel et amplifiées par la rupture de deux barrages en amont de Derna, ont fait 3.893 morts, selon un dernier bilan provisoire communiqué mardi par le gouvernement de l'Est.
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